Intervention de Fabrice Richy

Réunion du 5 mai 2015 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Fabrice Richy, directeur du département Outre-mer de l'Agence française de développement, AFD :

Mais au moins, à notre niveau, avec nos moyens d'action, on agit ! De même, il y a quinze jours, quand je suis allé à la Réunion, j'ai rencontré longuement le secrétaire général qui est très intéressé par l'intégration régionale.

J'ai travaillé longtemps dans les Caraïbes et en Nouvelle-Calédonie ; il se trouve que, pour des raisons de carrière, je suis parti à l'étranger pendant sept ans. Pendant cette période, à mes yeux, la situation a un peu évolué : des réseaux commencent à se nouer, des entreprises commencent à travailler dans d'autres zones géographiques. A titre d'exemple, une société de téléphonie mobile réunionnaise (que nous avons récemment accompagnée) travaille dans la sous-région. Sans doute trouvez-vous que cela n'avance pas assez vite. Pourtant, petit à petit, « la mayonnaise commence à prendre ».

À propos du logement, je voudrais d'abord préciser que nous ne sommes pas seuls actionnaires de la SIDR : nous portons également les parts de l'État, qui a la parole la plus forte dans les conseils d'administration de la SIDR, comme dans ceux d'autres sociétés immobilières d'outre-mer. Voilà pourquoi j'avais tenu à préciser dans mon intervention que pendant longtemps, soit pratiquement dix ans – cela n'a jamais été le cas à la SIDR – l'AFD avait eu des agents dans les sociétés immobilières mais que maintenant il n'y en avait pratiquement plus. Depuis quatre ou cinq ans, l'État a très fortement repris la main sur la gestion des sociétés immobilières. Je ne dis pas que c'est un bien ou un mal ; c'est une donnée.

Dans ce contexte l'AFD est toujours consciente des enjeux de l'habitat, secteur qu'elle continue d'accompagner activement et c'est bien pour cela qu'elle travaille à la mise en place du prêt bonifié dont j'ai parlé tout à l'heure. Nous nous y intéressons de très près ; nous sommes en train de faire une étude sur le sujet en partenariat avec la région Réunion. J'espère que l'on pourra aboutir sur ces questions de financement de la réhabilitation, qui sont très lourdes pour la SIDR, mais aussi dans d'autres régions.

J'espère également que le projet de bonifier des prêts par le fonds FEDER aboutira, car il permettra d'ouvrir des perspectives. Entre des fonds FEDER et nous, l'effet de levier devrait jouer à plein : pour un euro mis, l'objectif recherché serait d'arriver à 3, 4, 5 euros investis. C'est l'objectif recherché. On y travaille avec la région Réunion et, sur un autre secteur, avec la Guadeloupe. Si ces projets se réalisaient, cela pourrait faire école.

J'ai été interrogé sur l'accession à la propriété. C'est un sujet que je connais bien. Il est exact qu'en général, les sociétés immobilières sont réticentes à faire de l'accession à la propriété. J'ai été moi-même directeur général d'une société immobilière et, en cette qualité, j'éprouvais cette réticence. En effet, ce n'est pas la construction qui fait vivre une société immobilière, ce sont les loyers. À long terme, c'est un enjeu énorme de soutenabilité de la société qui est posé par la pratique de l'accession. Si on aborde le sujet d'une manière très politique en disant qu'il faut vendre parce qu'il faut vendre, on risque un blocage de la société. C'est donc davantage dans le cadre des plans stratégiques de patrimoine qu'il faudrait identifier les secteurs qui seraient ouverts à la vente, selon des modalités bien précises. Si des décisions en ce sens sont prises par le conseil d'administration et assumées par l'ensemble de la classe politique, on pourra sans doute construire des politiques d'accession à la propriété beaucoup plus solides.

Si l'on peut citer de beaux exemples de ventes du patrimoine, on peut aussi citer des exemples catastrophiques, qui aboutissent à une propriété dégradée. C'est pour cela qu'il faut lancer la vente sur certaines parties de patrimoine. Il faudrait donc que les conseils d'administration décident quelle partie du patrimoine peut être concernée. Il faut une politique construite, et se garder d'une logique du « tout ou rien ». Souvent, les directeurs généraux et les équipes de direction craignent d'être embarqués dans un système qu'ils ne contrôlent plus, alors même que la pérennité de toute société est liée aux loyers.

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