Intervention de Najat Vallaud-Belkacem

Séance en hémicycle du 2 juin 2015 à 21h30
Questions sur la politique de l'éducation

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche :

Vous avez eu raison de présenter les choses ainsi, madame la députée. Je n’ai de cesse de le dire, même si parfois les débats brouillent ce propos : le seul objectif de cette réforme, ce n’est pas de changer pour le plaisir de changer mais d’obtenir que les enfants, en sortant du collège, maîtrisent ce qui est attendu d’eux et qui leur permettra de projeter leur vie personnelle et professionnelle dans un monde qui change, un monde dans lequel on n’attend pas des enfants les mêmes compétences qu’il y a trente ans. Il nous fallait non seulement nous attaquer aux échecs du collège actuel, mais aussi moderniser ce que l’on attend de ces enfants qui, demain, lorsqu’ils rejoindront le marché du travail au début des années 2020, auront besoin de pratiquer plusieurs langues étrangères, d’être à l’aise avec les outils numériques, de savoir trier l’information en faisant la part de ce qui relève de la désinformation, car tel sera leur monde.

C’est bien ce que, modestement, cette réforme du collège prévoit. Il s’agit tout d’abord de faire en sorte que les fondamentaux soient bien acquis chez chaque élève. Nous avons longuement évoqué tout à l’heure l’apprentissage du français, et il est vrai que c’est un sujet : lorsqu’un élève sur cinq sort du collège sans maîtriser les fondamentaux en français, cela signifie que cet élève n’a pas la capacité d’énoncer, de penser, de débattre comme il le lui faudrait. Nous avons pu mesurer, par exemple lors des incidents qui ont suivi les attentats de janvier dernier, le retard que nous devions rattraper auprès d’un certain nombre de collégiens.

La réforme prévoit des pratiques pédagogiques davantage tournées vers les acquis des élèves. Plutôt que de réclamer des enseignants qu’ils respectent des programmes toujours plus lourds, sans prendre le temps de vérifier la bonne acquisition des connaissances, nous démultiplions les façons d’apprendre. Les apprentissages peuvent aussi bien se faire par des cours théoriques, magistraux, que par une pédagogie de projet, ce que les Anglo-Saxons appellent le learning by doing : faire réaliser aux élèves des projets concrets, pratiques, en les faisant travailler ensemble et échanger, de manière à mieux maîtriser l’oral que ce n’est le cas aujourd’hui.

Nous prévoyons également un accompagnement personnalisé. On peut avoir l’ambition d’un collège unique, c’est-à-dire un collège qui amène toute une génération à ce niveau de qualification, tout en reconnaissant la grande diversité qui existe chez nos collégiens. Si nous voulons bien traiter leurs besoins, il faut parfois les prendre en petits groupes homogènes en fonction de leurs difficultés, parfois assurer un accompagnement singulier, personnalisé.

Enfin, 2016 verra l’entrée en vigueur de programmes repensés de manière à placer les fondamentaux en leur coeur, c’est-à-dire concentrés sur l’essentiel. Les programmes actuels, on le sait, sont lourds, parfois bavards. Les enseignants n’ont le temps ni de les terminer, ce qui les conduit à faire des impasses – on ne s’en était pas beaucoup ému jusqu’à présent ! –, ni de vérifier que les élèves les ont compris. C’est pourquoi les programmes sont repensés pour être plus lisibles, plus cohérents, plus progressifs, donc plus efficaces.

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