Intervention de Bertrand Pancher

Séance en hémicycle du 3 juin 2015 à 21h30
Débat sur les négociations internationales sur le climat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

Je tiens évidemment, madame la secrétaire d’État, à vous remercier d’avoir accepté de participer à ce débat de façon à ce que nous puissions ensemble tirer des enseignements de ces négociations climatiques et voir comment on pourrait aller plus loin.

Traiter du dérèglement climatique, c’est raconter l’histoire d’une tragédie annoncée. Je suis persuadé qu’au siècle prochain, les historiens qui se pencheront sur les générations qui auront traversé ce drame, se diront : « Mais que s’est-il passé dans la tête des hommes dans ces sociétés dites développées alors qu’ils savaient ce qui allait arriver ? Il n’y avait en effet plus aucune controverse sur la question du réchauffement climatique. Ils avaient clairement identifié les moyens à mettre en oeuvre. Pourtant, ils n’ont rien fait, ou alors beaucoup trop tard. »

Le phénomène est ancien. Sans remonter jusqu’à la conférence de Stockholm, le Sommet de la Terre à Rio, en 1992, avait déjà analysé ce problème. Et puis les conférences se sont succédé. Certes, il y a eu Kyoto, mais on a bien vu que peu d’États se sont engagés. Depuis 1990, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 50 %, et la communauté internationale parle, parle, parle… La conférence de Copenhague a été un échec. Il y a quelques jours, en écoutant Ségolène Royal, j’avais l’impression d’entendre mot pour mot Nicolas Sarkozy à la suite de cette conférence de Copenhague – j’y étais – quand il a dit que la communauté internationale devrait se mettre d’accord et qu’il faut changer de méthode. Depuis, la communauté internationale s’est tout de même ravisée, comprenant qu’il n’était pas possible de continuer ainsi. Les pays émergents ont heureusement cessé de faire porter la responsabilité sur les pays développés comme il y a quelques années, lorsqu’ils leur disaient : « C’est votre faute. Débrouillez-vous. » Car pendant ce temps, l’Himalaya fond, les crues du Gange envahissent tout. Il y a quand même une prise de conscience de la communauté internationale.

Après Cancún, Copenhague, il va y avoir le rendez-vous de la conférence de Paris. On en connaît bien les enjeux : aboutir à une somme de contributions de toute la communauté internationale ; parvenir à ce que ces engagements soient crédibles au regard de la trajectoire visant à ne pas dépasser les deux degrés d’augmentation de température ; établir un mode de contrôle desdits engagements ; et évidemment le Fonds vert. Il ne suffit pas de clamer qu’il faut aller vers la transition énergétique tout en laissant les Africains, comme c’est le cas actuellement, augmenter leur production d’électricité au moyen de centrales à charbon. C’est sur tous ces points, madame la secrétaire d’État, que notre groupe jugera non pas de l’énergie de la France, car nous n’en doutons pas et nous sommes ici derrière le Président de la République, mais de celle de la communauté internationale. C’est mal parti : on devait recevoir toutes les contributions pour le mois de mars, et seuls quarante pays les ont rendues ; sur cette base, une règle de trois montre qu’on dépasserait tout de même l’augmentation de deux degrés qui est visée, et on n’évoque pas de système de contrôle et de régulation. Quant au Fonds vert, les Africains et les habitants des îles du Pacifique attendent de savoir ce que cela va donner de façon à pouvoir s’engager dans cette vaste transition énergétique.

Nous soutenons la France. Nous espérons que la conférence de Paris sera un succès. Nous appelons cependant l’attention de tous et et de toutes sur le fait que quel que soit son succès, celui-ci ne sera pas suffisant. Il faudra continuer à entraîner le monde, grâce vraisemblablement à une régulation des marchés. Ce sera une autre histoire. Je vous interrogerai d’ailleurs dans quelques minutes sur les initiatives que notre pays pourrait prendre dans ce domaine.

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