Intervention de Daniel Tribouillard

Réunion du 3 juin 2015 à 9h30
Commission des affaires économiques

Daniel Tribouillard, président-directeur général de Leonard :

En mai 1958, alors que j'avais vingt-trois ans, j'ai créé seul mon entreprise à partir d'une idée : la fleur posée sur la soie. Mes pull-overs ayant intéressé quelques femmes, j'ai perfectionné mes connaissances et, suivant mon idée initiale, j'ai donné à mon entreprise une dimension internationale. Nous sommes présents dans presque tous les pays du monde, j'appartiens à la chambre syndicale de la couture parisienne et je siège au comité Colbert, qui favorise le rayonnement international des grandes marques du luxe français. Ma maison est toutefois moins importante que Chanel, Dior ou Hermès, puisque je ne possède que cent cinquante boutiques exclusives dans le monde.

À mon sens, un jeune qui a des idées et un tant soit peu de courage et de persévérance peut encore monter une entreprise. Pour réaliser 75 % de mon chiffre d'affaires à l'exportation, j'ai passé ma vie dans les avions. Devenue internationale, notre marque a conservé un style propre et une distribution réservée. Rester une maison de luxe coûte cher et demande beaucoup d'investissements. Il faut des équipes de grande qualité. Hermès a fondé son succès sur une qualité exceptionnelle à des prix élevés, qui, d'ailleurs, ne permettent plus de vendre en France. Mes boutiques françaises ont elles aussi du mal à fonctionner. Elles sont soutenues par l'activité internationale.

Je ne formulerai pas de demandes différentes de celles de mes collègues. En France, nous avons du mal à embaucher et à licencier. Nous avons quelques difficultés avec les prud'hommes. Mais c'est surtout l'avenir de mon entreprise qui me préoccupe. Directrice générale de Leonard, ma fille travaille avec moi depuis vingt ans, après avoir fait des études supérieures que je n'avais pas faites. Elle se déplace tous les deux mois entre Shanghai, Hong-Kong, Séoul et Tokyo, ce qui exige un certain courage. Mon entreprise familiale ne survivra que si elle possède un successeur compétent, formé, qui continuera le style Leonard en le perfectionnant et en continuant à ouvrir des boutiques dans le monde.

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