Intervention de Adrien Jaulmes

Réunion du 10 mars 2015 à 9h30
Commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes

Adrien Jaulmes :

Je suis persuadé que si l'on ne prend pas en compte cette dimension géographique et politique, on s'interdit de comprendre le phénomène.

Certes, l'islam salafiste, qui est fédérateur et sert d'idéologie à l'État islamique, est inséparable du projet. Mais le projet a également une dimension territoriale. Comme vous l'avez rappelé, il remet en cause les frontières qui n'ont jamais été totalement acceptées dans le monde arabe. De même avez-vous raison de le comparer avec le mouvement qui a permis la constitution de l'Arabie saoudite, et qui était mené par Ibn Séoud. À une différence près : Ibn Séoud se battait très peu contre les Turcs, son action étant essentiellement dirigée contre d'autres Arabes, en particulier contre la dynastie hachémite. Mais l'idéologie était la même. En 1924, il chassa les hachémites de La Mecque et du Hedjaz avec ses Ikhwân, des djihadistes avant l'heure. Ensuite, lorsque volera en éclat cette alliance entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux, Ibn Séoud n'aura aucun scrupule à massacrer ses anciens alliés.

L'État islamique, comme les bolchéviques ou même le national-socialisme allemand, n'avance pas masqué : l'idéologie est affichée, les objectifs sont proclamés. Il suffit de prêter attention à la propagande, qui est d'ailleurs essentiellement à usage interne. Et l'Arabie saoudite figure parmi les objectifs de l'État islamique.

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