Intervention de Céline Berthon

Réunion du 10 mars 2015 à 10h00
Commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes

Céline Berthon, secrétaire générale du Syndicat des commissaires de la police nationale, SCPN :

Notre position est un peu différente. J'ai posé en préambule qu'il ne s'agissait pas de rechercher les responsabilités et qu'il n'y avait pas lieu de faire le procès du renseignement territorial qui, dans la gestion de cette crise, a su faire preuve de son savoir-faire, d'adaptation et de réaction. Nous sommes confrontés à un phénomène qu'il faut détecter à partir de signaux extrêmement faibles. La sécurité publique est la maison de la police du quotidien. Ses agents intervenant sur tous les territoires et dans tous les domaines, elle doit intégrer cette culture du renseignement afin d'être à même de traiter et de mettre très tôt à disposition des informations susceptibles d'être utilisées par un service de renseignement. Nous sommes dans une période où il est important de ne pas fragiliser les organismes.

Au cours des six ou sept dernières années, les services de renseignement ont été soumis à un rythme très soutenu de réformes, parfois quelque peu brouillonnes, parfois dans la précipitation, qui n'ont pas toujours conduit aux meilleurs résultats. Comme l'a dit mon collègue Jean-Paul Mégret, il faut se souvenir des difficultés et des questionnements qui existaient avant 2008, et qui ont pu expliquer le choix de la sécurité publique. Il ne faut pas recréer des frontières supplémentaires entre des métiers et des maisons au moment où il est important de partager l'information afin qu'elle devienne un renseignement exploitable pour le but que l'on se fixe. Effectivement, il existe aujourd'hui des dispositifs de coordination qui ont fait la preuve de leur efficacité. Certes, cela constitue un investissement – dont on ne peut divulguer ici les montants, mais, en proportion, la DGSI représente plusieurs milliers de personnes et bientôt le SCRT en représentera autant ; si l'on rapporte ce nombre à celui des personnes qu'il est nécessaire de mettre dans ces bureaux, je ne suis pas sûre que ce soit chronophage ni coûteux à l'extrême ; je crois au contraire que c'est un investissement très intéressant. Sortir le renseignement territorial de la DCSP incitera en outre celle-ci à recréer sa capacité d'anticipation opérationnelle, car elle ne pourra pas se couper de cette réalité.

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