Intervention de Géraldine Blin

Réunion du 11 février 2015 à 18h15
Commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes

Géraldine Blin, conseillère nationale du syndicat national des directeurs pénitentiaires-CFDT :

Il faudra en effet être attentif au choix des personnes que l'on placera dans les quartiers dédiés. Les expériences étrangères sont pleines d'enseignements : de nombreux pays européens abandonnent cette politique, car, sous prétexte qu'ils avaient commis des infractions du même type, des prisonniers aux profils très différents se sont retrouvés dans ces quartiers, ce qui a pu radicaliser des personnes qui ne l'étaient pas encore. Comme pour les Corses et les Basques, à Fresnes les promenades favorisent la formation de bandes.

En revanche, il peut être profitable de mettre à l'écart ceux qui s'adonnent au prosélytisme ; ces mesures nécessitent une prise en charge à l'intérieur de ces quartiers. L'expérience de Fresnes a été mise en place rapidement, car elle répondait à un besoin, mais elle s'est déployée sans accompagnement. Il convient de former le personnel pénitentiaire pour qu'il distingue les pratiques radicales de l'islam des pratiques normales, et qu'il connaisse les méthodes d'emprise mentale. Les conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation (CPIP) maîtrisent en effet mal ces questions. Après les attentats du mois de janvier, les personnels ont éprouvé des difficultés à en parler avec les détenus. Les programmes de prise en charge devront travailler sur le développement de l'esprit critique. Les CPIP ont la capacité de maîtriser les techniques de prise de recul par rapport à une croyance.

Les aumôniers présentent une réelle utilité lorsqu'ils prennent part à la vie de l'établissement au-delà du prêche du vendredi. Il faut qu'ils occupent le terrain pour ne pas le laisser aux imams autoproclamés. De même, nous devons veiller au maintien d'un lien constant entre les aumôniers et la direction de l'établissement, afin, notamment, de nous assurer de la défense effective des principes républicains par les aumôniers. Les agréments doivent être conditionnés à la collaboration avec l'administration pénitentiaire, ce qui n'est pas simple, car une coopération trop visible expose les aumôniers à être rejetés par certains détenus. Toutefois, lorsque les aumôniers sont présents, leur action s'avère positive.

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