Intervention de Jimmy Delliste

Réunion du 11 février 2015 à 18h15
Commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes

Jimmy Delliste, secrétaire général du Syndicat national pénitentiaire FO-personnels de direction :

Sur l'aménagement des peines, on va être confronté à l'avant et à l'après 11 janvier. Jusqu'alors, ces éléments-là n'étaient pas pris en compte. Espérons qu'ils le seront désormais. La nouvelle loi pénale incite à faire sortir les personnes de nos établissements le plus rapidement possible. Le comportement de ces détenus-là ne nous permet pas d'opposer un refus à leur demande d'aménagement ou de réduction de peine s'ils présentent des projets de libération solides, ce qui nous inquiète. Si l'on détecte de vrais risques, peut-on imaginer une mesure de rétention de sûreté, qui existe déjà mais est peu utilisée ? Encore ne faut-il pas se tromper dans l'évaluation du danger potentiel des personnes. Pour ce faire, nous avons besoin d'outils efficaces et de les appliquer aux nouveaux détenus.

Nous avons labellisé tous les quartiers d'arrivants, si bien que l'on est capable de repérer la vulnérabilité, la dangerosité, le potentiel de risque suicidaire et le niveau d'études. Nous pouvons ainsi déterminer la façon dont on gérera ce détenu et les actions qu'on lui proposera pour qu'il utilise au mieux son temps d'incarcération. Nous allons devoir ajouter un nouvel item qui nous amènera à suivre les détenus susceptibles de se radicaliser en détention, mais il faut que des professionnels extérieurs au monde de la prison participent à cette tâche. Si l'on effectue un bon repérage de ces individus à leur entrée en détention, on pourra les isoler afin de leur proposer un programme spécifique.

Hélas, nous ne réfléchissons pas à la prise en charge des détenus sur le fondement de ce qui les a conduits en prison. On privilégie le rapprochement familial, alors que ce n'est pas toujours optimal pour le détenu ; ce qui devrait compter, ce sont les programmes permettant aux prisonniers de sortir de la délinquance. Cette appréhension du problème existe dans certains pays, mais pas en France. En Écosse ou dans les pays scandinaves, chaque détenu suit un programme spécifique à la nature de sa délinquance ; à l'issue du programme, une commission pluridisciplinaire détermine l'implication du prisonnier et son évolution. C'est à la lumière des conclusions de cette commission qu'est prise la décision d'accepter ou de refuser une libération anticipée.

Aujourd'hui, si nous repérons une personne présentant des risques, notre seul levier consiste à la signaler à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

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