Intervention de Jacques Myard

Réunion du 12 février 2015 à 8h30
Commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Je vous ai écoutée avec d'autant plus d'intérêt que j'ai participé avec Georges Fenech à trois commissions d'enquête sur les sectes. J'ai reconnu dans vos propos plusieurs traits de la dérive sectaire, notamment la référence à l'Apocalypse, également présente chez les Evangéliques, qui prédisent le retour de Jésus-Christ en Terre sainte et sa reconnaissance comme leur Messie par les juifs du Grand Israël, lesquels, s'ils ne se convertissent pas, seront massacrés à la fin des temps.

Quant à l'islam, ce n'est guère la première fois que son histoire rencontre celle des sectes, caractérisées en son sein et de manière assez constante à la fois par leur caractère prosélyte, en l'occurrence à travers le djihad, et leur manière d'opposer les détenteurs de la vérité à ceux qui ne la possèdent pas. Êtes-vous d'accord pour considérer comme moi que les filières djihadistes dont nous parlons aujourd'hui s'inscrivent dans un mouvement long qui a débuté avec les Frères musulmans et s'est poursuivi avec le salafisme djihadiste ? Le cas échéant, ne pensez-vous pas qu'au-delà d'une solution qui consiste à lutter au cas par cas contre l'embrigadement, il faudrait s'attaquer à un mal quasi structurel dont semble souffrir l'islam ? Mme Dounia Bouzar. J'oserai dire qu'à rebours d'autres religions, l'islam traverse aujourd'hui son Moyen Âge. J'entends par là qu'il ne s'est pas développé au cours de ces derniers siècles en laissant s'exprimer la subjectivité des croyants, pourtant par essence au fondement de toute religion. Si certains penseurs, plutôt cachés, osent quelques remises en question, toute divergence d'interprétation vous condamne aussitôt à l'exclusion. Comment dans ces conditions une religion peut-elle évoluer autrement que par la violence ? La difficulté est qu'aujourd'hui, les salafistes, piétistes ou non, pour qui l'islam ne se pense pas mais se fonde, à travers un système d'analogies, sur la répétition, tiennent le haut du pavé.

Je le dis nettement, lorsque je suis aujourd'hui avertie de la conversion à l'islam d'un adolescent, qu'il soit issu d'un milieu athée, catholique ou juif, je lance immédiatement une procédure de prévention, sans attendre un éventuel embrigadement, car, à mon sens, une telle conversion – et elles sont de plus en plus nombreuses aujourd'hui – n'a rien de religieux mais cache autre chose.

Si je partage votre constat, je n'ai pas de solution, sachant que même un imam comme Tareq Oubrou peut se voir accusé d'être vendu aux sionistes, y compris au sein de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) ou par les salafistes. Lui comme moi figurons dans les vidéos d'Omar Omsen, lui comme égaré, moi comme mécréante parce que je ne suis pas voilée.

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