Intervention de Mohamed Zaïdouni

Réunion du 5 mars 2015 à 12h00
Commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes

Mohamed Zaïdouni, président du Conseil régional du culte musulman de Bretagne, aumônier au centre pénitentiaire de Rennes :

On ne peut faire porter toute la responsabilité de la situation sur les instances musulmanes. On connaît l'histoire du CFCM : c'est une institution récente, qui manque de moyens mais qui, malgré cela, est indispensable, et je salue le travail qu'il a accompli jusqu'aujourd'hui pour relever les défis qui sont les siens. Les composantes du CFCM ont toujours oeuvré à l'épanouissement de la communauté musulmane. Elles ne sont ni dans le déni ni dans la lâcheté et se sont, au contraire, toujours montrées solidaires du peuple français dans la défense des valeurs républicaines et le respect des lois de la République. Je tiens par ailleurs à souligner que le CFCM n'a pas toujours été consulté sur des sujets le concernant. Certaines lois se sont faites sans nous, et l'on peut regretter, alors que nous sommes des représentants élus – et non nommés –, que nous n'ayons pas toujours été écoutés.

Quant aux imams, ils font leur travail mais dans des conditions, je le répète, précaires – certains n'ayant aucun droit à la retraite. Avant donc de leur demander des comptes, encore faudrait-il leur donner les moyens, comme au CFCM, de remplir correctement leur mission.

En ce qui concerne les imams non francophones, il ne saurait être question de les exclure, car certains d'entre eux font un travail formidable. C'est ainsi que dans la mosquée à laquelle je suis rattaché officie un imam arabophone. Il connaît bien notre environnement et commence à parler le français ; avant qu'il le maîtrise suffisamment, il dispose d'un traducteur. Beaucoup de ces imams sont désireux d'apprendre la langue de Molière, et il est important de leur donner accès à des formations accélérées, ce qui n'est malheureusement pas toujours possible quand ces formations coûtent cher.

Dans un message, l'aspect linguistique n'est pas la seule chose à prendre en considération, comptent également le contenu et la personnalité de celui qui le délivre. Nous avons actuellement en France entre deux mille cinq cents et trois mille mosquées, alors qu'il en faudrait le double. Nous avons donc besoin de davantage d'imams, mais d'imams de France, maîtrisant l'arabe et le français, l'arabe parce que c'est la langue des textes scripturaires, le français parce qu'il leur permet de s'adresser à la jeunesse francophone qui ne parle pas l'arabe.

Contre le dérapage de certains de ces jeunes qui sombrent dans la radicalisation, l'approche sécuritaire ne me paraît pas suffisante. Notre rôle à nous, imams et aumôniers, est de nous concentrer sur les croyances des jeunes. Cela étant, le CFCM, la justice et la police doivent travailler ensemble pour élaborer un programme d'accompagnement et de sensibilisation de la jeunesse, qui prévienne la radicalisation avant de la sanctionner.

1 commentaire :

Le 29/09/2015 à 08:51, laïc a dit :

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" Nous avons actuellement en France entre deux mille cinq cents et trois mille mosquées, alors qu'il en faudrait le double."

Or, M. Boubakeur a dit, dans une autre commission :

"Quoi que l'on dise, l'attitude des musulmans de France devant ces événements montre que le salafisme, l'intégrisme – appelez-le comme vous voulez – a progressé, petit à petit, jour après jour, depuis que les musulmans ont commencé à construire des mosquées en France."

Donc, tant que l'on aura pas de garanties sérieuses qui nous permettront de penser que les mosquées et leur fréquentation ne mènent pas forcément à l'intégrisme, on sera tenté de penser qu'il vaut mieux limiter leur nombre en France.

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