Intervention de James Vergnaud

Réunion du 17 mars 2015 à 8h00
Commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes

James Vergnaud, secrétaire général adjoint du Syndicat national pénitentiaire des personnels de surveillance FO :

Parmi les détenus, certains esprits faibles peuvent se laisser endoctriner et trouver une identité culturelle qu'ils n'avaient pas à l'extérieur. Ils ont alors le sentiment d'appartenir à un groupe, à une bande qui leur apporte une protection car, sachez-le, les règlements intérieurs ne sont plus appliqués dans nombre de prisons françaises.

À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle : pour enrayer le phénomène de radicalisation, il faut isoler totalement les recruteurs du reste des détenus de droit commun. Nous ne croyons pas à l'efficacité de l'isolement au sein d'une prison, sur le modèle des expérimentations conduites actuellement dans certains établissements. La seule façon de cloisonner efficacement ces islamistes radicaux serait de les regrouper dans un même lieu d'incarcération, doté de moyens matériels et humains suffisants.

Quoi qu'il en soit, il est indispensable de réagir rapidement si nous voulons que les prisons reviennent à un état normal de fonctionnement, en mettant l'accent sur la formation des personnels : de l'officier au simple surveillant, chacun doit être en mesure de faire respecter le règlement. Il faut mettre fin à l'angélisme, à une politique qui consiste à éviter le moindre incident. La sécurité passe par le rétablissement des fouilles par palpation corporelle, c'est-à-dire par l'abrogation de l'article 57 de la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009. Le travail en binôme dans une aile est la clef de voûte du respect des règles. Or dans une prison comme celle des Baumettes, il y a un seul surveillant pour 140 détenus. Des personnels unis, expérimentés et en nombre suffisant pourront d'autant mieux gérer les situations de crise.

Le prosélytisme s'effectue non seulement par la parole mais aussi par la diffusion de messages internet – prohibés bien entendus – car les prisons ne sont pas équipées de brouilleurs performants. Récemment, il a été découvert des vidéos de propagande et une liste d'environ 500 journalistes d'origine juive dans un ordinateur. On se doute de ce qu'une telle liste peut devenir entre les mains de gens mal intentionnés. Les nouvelles technologies aidant, le passage d'informations n'a plus de limite dans les prisons.

Le recrutement annoncé d'aumôniers est une très bonne chose mais sachez qu'une certaine frange de la population pénale prêche dans les cours de promenade et interdit aux autres détenus d'écouter le religieux officiel.

Nous alertons depuis dix ans sur la montée de ce phénomène, apparu au départ dans les maisons centrales où étaient incarcérés des terroristes islamistes condamnés à de lourdes peines de prison. Actuellement, le fléau se répand dans les maisons d'arrêt, particulièrement dans celles de Marseille, de Lyon et de la région parisienne. Dans les maisons d'arrêt surpeuplées, où les détenus vivent dans la promiscuité, les agents ne sont pas assez nombreux pour lutter efficacement.

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