Intervention de Général Bertrand Clément-Bollée

Réunion du 16 juin 2015 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Bertrand Clément-Bollée :

Le SMV démarrera le 15 octobre 2015 pour le centre de Lorraine, début novembre pour celui de l'Essonne et en janvier 2016 pour celui de La Rochelle.

Nous serons contraints au départ par la disponibilité des locaux d'accueil et les capacités de soutien. Sur les 200 stagiaires qui entreront cet automne, 100 iront en Lorraine et 100 dans l'Essonne – 100 étant également prévus à l'ouverture du centre de La Rochelle.

Pour la période de septembre 2015 à septembre 2016, j'ai un droit ouvert de 100 cadres militaires pour l'encadrement de ces 300 stagiaires.

À partir de septembre 2016, ce droit passera à 300 cadres pour 1 000 stagiaires.

Nous nous mettons en condition pour accueillir ces effectifs.

Le centre de l'Essonne passera rapidement à 150 stagiaires dans la phase expérimentale et celui de Lorraine à 510 places : il préfigurera le futur SMV de la grande région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes.

En aucun cas, ces stagiaires ne concourront à des missions comme Sentinelle. Ils participeront à des missions de secours aux populations ou d'intérêt public. Je suis ainsi en discussion avec la Fondation Vauban, qui pourrait employer des stagiaires à l'entretien du patrimoine national tout en leur donnant une formation qualifiante comme agent d'entretien d'espaces verts ou agent multitechnique d'entretien du bâtiment.

C'est la raison pour laquelle, dans la formation militaire, j'ai exclu toute instruction au tir, contrairement au SMA. La formation militaire tend essentiellement à proposer une initiation pédagogique servant à donner confiance et à structurer la personne dans un univers normé, qui est celui de la communauté militaire, en s'appuyant sur la discipline.

Pour répondre à l'urgence et lancer le dispositif dès l'automne, le recrutement des cadres a lieu en dehors du déroulement classique du plan annuel de mutation. Les trois chefs de centre désignés – notamment les colonels Gueguen et Dugast – sont tous des volontaires ayant fait l'expérience du SMA. Pour les autres cadres, nous essayons de favoriser le volontariat et je n'ai pas de raison de penser que nous ne serons pas au rendez-vous. 87 % des personnels ont été identifiés pour le commandement du SMV à Arcueil, 77 % pour le centre de Montigny-lès-Metz et 65 % pour celui de Brétigny-sur-Orge.

Les stagiaires auront le même contrat que ceux du SMA : ils seront donc payés de la même façon, sous forme d'une solde forfaitaire de 370 euros, sachant qu'ils seront logés, nourris, soutenus et qu'ils pourront avoir leur permis de conduire.

Ceux payés à 675 euros constituent une autre catégorie, consacrée à l'encadrement « professionnel ». Le SMV est fondé sur le « gagnant-gagnant » : si les « décrocheurs » sont notre coeur de cible, nous prendrons aussi, comme pour le SMA, des jeunes qualifiés au chômage pour servir d'aide moniteur ou de répétiteur au profit des stagiaires. Nous leur proposons le contrat des volontaires techniques, qui correspond au contrat des volontaires de l'armée de terre, sachant qu'ils seront là aussi logés, nourris, soutenus et qu'ils pourront avoir leur permis de conduire. Ces moniteurs auront ainsi valorisé leur passeport professionnel dans leur qualification.

S'agissant de l'attractivité pour les cadres dirigeants, nous avons décidé dans un premier temps de leur reconnaître le temps de commandement d'officier supérieur, ce qui les rend éligibles à des dispositifs comme la nouvelle bonification indiciaire (NBI) et autres avantages. Et quand le centre de Montigny-lès-Metz passera en classe 500, l'intéressé passera en temps de commandement de niveau 2. Je reconnais cependant que l'affectation en métropole est parfois moins attractive qu'outre-mer.

Cela étant, récemment, un militaire du rang, actuellement conducteur du major général de l'armée de terre, est par exemple venu me voir pour être affecté à Brétigny-sur-Orge car il est passionné par la formation des jeunes.

Je rappelle que 30 millions d'euros seront consacrés au titre 2 – masse salariale – ainsi qu'au fonctionnement courant, et 10 millions d'euros à la remise à niveau de l'infrastructure sur l'ensemble des centres, soit en tout 40 millions, auxquels s'ajoutent 1,65 million d'euros de provision pour le chômage.

Les jeunes de 18-25 ans sont répertoriés par deux grands dispositifs : les missions locales, qui sont nos prescripteurs principaux, et le dispositif du service national grâce à la journée défense et citoyenneté (JDC).

On s'appuiera aussi sur l'AFPA, dont j'ai rencontré le directeur général et qui dispose de 650 recruteurs. Si nous ne sommes pas un centre de formation qualifiante, nous pouvons structurer une personne et lui permettre d'acquérir des UV l'aidant à obtenir un titre ou un diplôme. Pour ce faire, il est important de connaître le dispositif de certification professionnelle délivrée par ceux dont c'est le métier, comme l'AFPA. Nous allons ainsi rapprocher la personne d'un employeur et permettre à celui-ci de passer un contrat avec l'AFPA. Ce faisant, l'employeur pourra disposer d'une ressource fiable : je souhaite aussi par ce biais simplifier ses problèmes de recrutement, diminuer son incertitude sur l'avenir de ses embauches et lui offrir une période d'observation du jeune.

Un autre centre de recrutement sera la sous-direction de recrutement de l'armée de terre, qui a réussi à instaurer une procédure d'identification de sa ressource et de détection des freins potentiels – je pense notamment à l'action de la direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD) pour la vérification du bulletin numéro 2 du casier judiciaire, qui sera indispensable pour certaines formations dans le domaine de la sécurité. La ressource ainsi identifiée, dans le cadre d'un rétroplanning de huit mois qu'elle a mis en oeuvre, me permettra, pour les métiers de la sécurité, nécessitant aujourd'hui une carte professionnelle validée, d'avoir recours à une école de formation à Versailles, avec une possibilité de quasiment 100 % d'emploi à l'issue.

Par ailleurs, nous serons ouverts aux personnes éliminées du système de recrutement des armées en raison de leur profil médical – le SIGYCOP –, qui est moins exigeant pour le SMV. Nous adopterons là aussi le même profil que pour le SMA.

Quant au travail de sélection-incorporation, il sera fait en équipe entre le chef de centre, le commandant d'unité et un personnel encadrant.

Je suis allé deux fois à l'EPIDE de Montry pour identifier avec lui nos complémentarités, sachant que son directeur-adjoint, avec qui nous avons noué une relation de confiance, est devenu le chef de l'EPIDE de Brétigny-sur-Orge. Ce serait en effet un comble que nous soyons en concurrence alors que nous ne sommes pas de trop pour nous occuper des 140 000 jeunes qui en ont besoin !

La question de savoir s'il faudra à terme relier les deux approches se posera. Il faudra voir à cet égard en quoi l'offre complémentaire de la militarité proposée par le SMV par rapport à l'EPIDE, qui est un internat civil, apporte un plus.

S'agissant des réservistes, j'avais demandé au départ 40 postes pour m'accompagner pour la mise à niveau scolaire ou le développement de la citoyenneté. Nous pourrons ensuite, au vu de l'expérimentation, voir comment mieux employer la réserve.

L'une des causes de l'abandon du dispositif « jeune en équipe de travail », qui tendait à permettre la réinsertion des délinquants, est de l'avoir défini « en prédation » de l'encadrement des forces sans rien apporter en échange. Il faut donc trouver une solution « gagnant-gagnant » avec les forces, qui peut être de leur offrir une facilité de gestion en leur permettant d'alléger leurs pyramides de personnels par des départs anticipés. Le SMV y gagnera de son côté car il aura une ressource motivée, d'autant qu'elle aura ainsi l'opportunité d'une transition douce vers un deuxième métier dans le civil.

Je rappelle à cet égard que le statut militaire nous interdit de décider un changement de corps pour une personne qui n'est plus proposable à l'avancement.

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