Intervention de général Jean-Paul Paloméros

Réunion du 23 juin 2015 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Jean-Paul Paloméros :

Il est excessif de dire que l'OTAN encercle la Russie : on en est loin ! En tout cas, ce n'est pas l'esprit de l'organisation, dont je rappelle qu'elle a été créée avec douze pays qui, après deux guerres mondiales, ont pris acte du fait que cela ne pouvait continuer ainsi et décidé de créer ensemble une clause de défense mutuelle fondée sur le principe « Un pour tous, tous pour un ». Je rappelle aussi que personne n'a forcé aucun Allié à intégrer l'Alliance, les vingt-huit pays membres ne l'ont rejointe que de leur propre volonté. Quant aux pays baltes, ils ont directement gagné leur liberté par le sang ; on peut donc concevoir leurs inquiétudes et comprendre leurs craintes, compte tenu des périodes noires et oppressantes qu'ils ont vécues durant leur histoire.

L'OTAN a assuré la prospérité et le développement de l'Europe pendant près de soixante-six ans. Souhaitons maintenant que cette dernière vole davantage de ses propres ailes dans le domaine de la sécurité et de la défense. C'est aussi l'avis des Américains.

Nous devons tout faire pour réduire les tensions. C'est le but des actions de réassurances de l'OTAN dans les pays de l'Est. Nos activités sont, je le répète, totalement transparentes et nous nous efforçons d'éviter, contrairement aux Russes, les manoeuvres agressives en désignant l'adversaire. Reste que l'OTAN est déterminée à assurer la défense collective de ses membres et entend préserver la paix. D'où la volonté de maintenir ses capacités de dissuasion, à la fois conventionnelles et nucléaires, sachant que son objectif premier est de maintenir la paix, la sécurité et la stabilité.

Les preuves de l'aide de la Russie aux séparatistes pro-russes ont été clairement établies. La violation de la souveraineté ukrainienne contrevient également à un important traité international de dénucléarisation en Ukraine. La Russie a pris une lourde responsabilité en la matière.

Si nous ne souhaitons pas une augmentation des dépenses militaires, ce n'en est pas moins une réalité : les pays extérieurs à l'Alliance s'arment, en particulier la Russie ; on ne peut y être insensible. L'objectif n'est pas de se livrer à une course en avant, mais de pouvoir répondre à ces défis et remplir nos missions. Et quand on le fait avec de nombreux pays partenaires, comme en Afghanistan, on répartit la charge et on est plus fort.

Quant à la politique d'ouverture, il appartient aux responsables politiques d'en décider. Des ouvertures ont ainsi été proposées à des pays des Balkans, le Monténégro ou la Macédoine. Mais il est clair que l'intégration de pays dont les frontières ne seraient pas stabilisées créerait de véritables problèmes au sein de l'Alliance, faute de bases robustes.

Au Pays de Galles, l'Alliance a décidé de renforcer ses capacités de réactivité, car elle s'est rendu compte qu'on ne pouvait se permettre d'attendre des mois avant de constituer une force de réaction. D'où la création d'une force de réaction plus rapide, mobilisable en quelques jours. Nous venons d'ailleurs de tester ce dispositif en Pologne avec neuf pays. Aujourd'hui, sept grands Alliés se sont déclarés volontaires pour fournir la brigade qui en sera le coeur. C'est un bon signe qui démontre leur détermination.

Dans les pays baltes, dont je comprends parfaitement l'inquiétude, nous avons créé une présence dynamique, qu'ils apprécient, tout comme la Pologne, car cela permet aussi aux hommes de s'entraîner dans des conditions réalistes, de mieux s'adapter à l'environnement, de connaître les conditions dans lesquelles ils auraient éventuellement à mener des opérations et de s'intégrer avec les forces nationales. Mais, pour l'instant, l'Alliance n'a pas décidé de présence permanente, pour différentes raisons.

Demain, les ministres de la Défense vont se réunir pour faire un état des lieux. Moins d'un an après la réunion du Pays de Galles, je crois que le bilan est plutôt bon : nous avons été capables de créer cette dynamique, qu'il faut maintenant entretenir.

Quant à l'Ukraine, elle était et est toujours un partenaire de l'Alliance, y compris quand elle était gérée par un pouvoir politique proche de Moscou. Un partenariat doit être gagnant-gagnant, la porte ouverte à un dialogue. C'est ce qu'on peut espérer avec la Russie : renouer des liens de confiance, comme nous en avions encore il y a deux ans, au travers de réunions régulières avec ce pays, aborder tous les sujets, même les plus difficiles. Mais les conditions ne sont pas remplies pour cela aujourd'hui.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion