Intervention de général Jean-Paul Paloméros

Réunion du 23 juin 2015 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Jean-Paul Paloméros :

Vaste question ! Mais des échanges comme celui-ci nous sont très utiles. Au sein du commandement pour la transformation, nous ne prétendons détenir aucune vérité ; nous n'essayons pas de prévoir l'avenir, mais de le rendre possible. Pour cela, nous tentons de nous poser les bonnes questions pour déterminer comment avancer à vingt-huit – ou à moins car il est bon également d'avoir des groupes pionniers –, et cet échange m'aide à mieux les formuler.

Nous n'avons pas implanté des experts en Estonie ; c'est l'Estonie qui a décidé de développer cette expertise, suivant ses propres intérêts et préoccupations d'ordre national. En effet, le président estonien étant un expert renommé dans ce domaine, la société estonienne est une des plus avancées en matière de numérisation. On essaie de tirer le meilleur parti de cette force existante plutôt que de rebâtir ailleurs ce qui existe déjà.

S'agissant des systèmes d'information, je ne saurais évaluer notre capacité de réinventer toutes les couches qui se sont développées à une vitesse étonnante ; mais nous pouvons réfléchir à la prochaine étape. Dans certains domaines, comme l'aéronautique et l'espace, l'Europe sait inventer et s'adapter, malgré les difficultés ; dans certains autres, j'aimerais qu'elle s'investisse davantage. Ainsi, dans un domaine émergent comme celui des drones, nous avons manqué la première phase, mais nous pouvons encore nous rattraper. Les Européens disposent de compétences et d'une étonnante inventivité ; ils ne vont pas réinventer Internet, mais quelque part existe déjà l'Internet du futur. Quant aux Américains, ils se rendent compte que cette dépendance est difficile à assumer.

La deuxième question est plus stratégique : dans un monde global et interconnecté, avec qui préfère-t-on être interdépendant ? L'expérience récente de l'Ukraine montre que l'interdépendance poussée avec des pays qui n'ont pas la même vision, les mêmes valeurs, ni les mêmes ambitions que nous, pose des problèmes. Faut-il promouvoir l'interdépendance entre les deux côtés de l'Atlantique et l'organiser pour en faire un moteur de développement des capacités d'expertise et des emplois de demain, ou bien vaut-il mieux en rester au statu quo ? La question du TTIP n'est pas de mon ressort, mais je pressens qu'au-delà de l'OTAN, la question, essentielle, qui se pose désormais est celle d'un véritable partenariat stratégique transatlantique. Un partenariat se fait à deux et exige un équilibre entre les parties ; j'ai le sentiment que l'Europe représente une grande puissance, peut-être en train de se matérialiser. Il n'est jamais trop tard, mais le temps passe.

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