Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 22 juillet 2015 à 15h00
Transition énergétique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Madame la ministre, monsieur le président, mes chers collègues, j’ai déjà eu l’occasion – je dirai même plus : l’honneur – d’intervenir lors de la première lecture de ce projet de loi. Ce que je dirai, aujourd’hui, ne sera pas très différent de ce que j’ai dit alors.

J’ai beaucoup aimé ce qu’a dit le député qui m’a précédé à cette tribune. Je ne suis pas loin de partager son opinion. Dans un domaine aussi complexe, devant un tel Annapurna à escalader, il n’y a pas de petite démarche. Tout ce que nous pouvons faire pour agir, par la loi, sur le quotidien, est important.

Ce qui marque indéniablement ce début de troisième millénaire – ce début de premier siècle du troisième millénaire –, c’est que les peuples ont fortement conscience – même si c’est inexprimé – que nous allons au-devant d’un grand changement. Nous ne savons pas trop quel sera ce changement, ni de quoi il sera fait. La plupart du temps, le changement prend la couleur du sang, du deuil et de la tragédie, mais il arrive parfois qu’il soit plus lumineux, qu’il prenne la couleur de la fête.

La mission que vous relevez, l’oeuvre que vous reprenez – et dans laquelle vous inscrivez notre pays tout entier – semble aller dans ce sens. C’est donc pour moi un honneur que de participer à cette discussion. Je crois qu’il faut agir progressivement, en y mettant les formes, par exemple en expliquant – comme vous le faites, et comme d’autres l’ont fait avant vous – que le pétrole, c’est fini. Le pétrole ne fait que déclencher des guerres, et suscite des groupes au comportement totalement inacceptable. Il nous pousse même à une permissivité, dans nos comportements, qui n’est pas digne de notre temps.

Le nucléaire, c’est la même chose, sauf que les enjeux sont différents. Notre pays a réussi des exploits hors du commun grâce à cette énergie. Mais nous sentons bien, aujourd’hui, que c’est le potentiel énergétique extraordinaire du soleil et des marées qui nous permettrait de nous relancer – si nous arrivons à nous organiser, si nous arrivons à convaincre paisiblement non seulement nos compatriotes, mais aussi les puissants qui détiennent les capitaux. Peut-être faudra-t-il trouver d’autres solutions que celles que nous avons trouvées pour l’instant, parce qu’elles ne sont pas très efficaces.

Il faut s’engager dans cette grande épopée – il n’y a pas d’autre mot. À partir de ce moment-là, c’est une nouvelle ère de notre histoire qui s’ouvrira. Comme je le disais tout à l’heure, ces nouvelles ères se sont souvent inscrites dans le sang, la souffrance et le deuil ; pourquoi celle-ci ne serait pas l’une des rares qui réussissent dans le bonheur et la fraternité ? Vous auriez même pu parler, madame la ministre, de fraternitude !

Je suis donc, bien entendu, favorable à ce projet de loi. Pourquoi ne pas imaginer, pour la suite, un grand rêve à la Kennedy ? Lorsque ses affaires n’allaient pas très bien, en 1962, il estima que ce serait bien d’aller sur la Lune. Pourquoi ne profiterions-nous pas d’une nouvelle énergie, certainement moins coûteuse, pour lancer un grand projet à la rencontre de l’univers ? Il est tout de même incroyable qu’au XXIe siècle nous sachions aussi peu de choses sur nous-mêmes. Nous ne sommes même pas capables de savoir si, dans l’immense univers, il y a ou non une autre planète porteuse de vie. Il serait tout de même étourdissant que nous soyons les seuls !

Imaginez que nous nous engagions dans un tel défi ! Nous avons fait tant de fois le tour de la Terre que désormais, à chaque fois que nous le faisons de nouveau, c’est pour nous battre, nous entre-tuer.

Madame la ministre, j’ai une demande pressante à vous présenter. Certains croient que la solution consiste à faire peser toujours plus de contraintes sur des territoires qui ne sont pour rien dans le réchauffement de la planète, ni dans sa désintégration. Vous qui avez de l’autorité, pourriez-vous leur faire comprendre qu’ils font beaucoup souffrir ? Je ne vous accuse pas vous-même : j’entends bien ce que vous dites depuis que vous êtes redevenue ministre.

Je crois qu’il faut reconscientiser, responsabiliser à nouveau les hommes sur de vastes territoires. Il faut leur dire : « Tu as une responsabilité, sur ton territoire, mais aussi au nom de l’humanité tout entière. » C’est ainsi que nous pourrons réveiller une nouvelle forme d’énergie, dont nous nous passons bêtement aujourd’hui ; cette énergie, celle dont la France est la plus richement dotée, c’est l’intelligence. Il faut convoquer l’intelligence, trouver les moyens de s’en servir librement, de la faire fonctionner, et la restituer à l’homme.

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