Intervention de Jean Mouzat

Réunion du 22 juillet 2015 à 21h30
Commission des affaires économiques

Jean Mouzat, président national du Mouvement de défense des exploitants familiaux, MODEF :

La crise agricole sans précédent que nous connaissons mobilise nombre d'agriculteurs. Alors que certains lèvent les barrages, j'ai une pensée pour ceux qui en installent. En désaccord, comme moi, avec les mesures proposées, ils estiment que la prise de conscience des problèmes du monde paysan n'est pas suffisante.

Monsieur le ministre, je ne ferai pas la fine bouche : 600 millions d'euros, c'est une somme. Sachez pourtant que, sur ce montant, les 500 millions qui vont servir à régler de graves problèmes de trésorerie ne feront sans doute que repousser de six mois ou un an l'arrivée des huissiers, tant la situation de certaines exploitations est délicate. La crise est si profonde qu'on ne pourra pas faire l'économie d'un texte législatif sur les prix agricoles. Les traités européens ont beau garantir une concurrence libre et non faussée, cela fait trente ans que la situation du monde agricole se dégrade d'année en année.

Le MODEF considère que pour déterminer le prix de vente, il convient d'appliquer au prix de revient, calculé pour chaque filière, un coefficient multiplicateur représentant la rémunération qui doit normalement revenir au paysan, comme elle revient à tout autre citoyen français. Or le paysan est très souvent oublié. Il n'y a aucune honte à ce que les agriculteurs gagnent leur vie et à ce que les distributeurs dégagent une marge.

Nous avons atteint les limites d'un système libéral à outrance dans lequel les agriculteurs sont les dindons de la farce. Dans ce contexte, l'Europe a un rôle essentiel à jouer. Il faut sortir l'agriculture des discussions de l'OMC. Les produits alimentaires ne peuvent pas être traités comme des produits industriels. À quelles règles d'hygiène obéissent les produits agricoles que l'on importe massivement ? Les mesures draconiennes qui sont imposées aux éleveurs français – dont je me félicite puisqu'elles permettent de protéger le consommateur – doivent être les mêmes pour tout le monde.

La nouvelle carte des régions doit permettre à l'agriculture de rester une force vive économique, environnementale et culturelle dans chaque territoire. Si tel n'est pas le cas, les valeurs que porte la France à travers l'Europe et le monde seront en danger.

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