Intervention de Claude Risac

Réunion du 22 juillet 2015 à 21h30
Commission des affaires économiques

Claude Risac, directeur des relations extérieures du groupe Casino :

Casino achète la viande, comme tous les produits agricoles, directement, sans passer par l'alliance que nous avons conclue avec Intermarché. Il y a toujours huit centrales d'achat en France, les supercentrales achetant essentiellement les très grandes marques internationales, peu susceptibles de souffrir de dépendance économique vis-à-vis d'un distributeur qui ne représente, à l'échelle mondiale, que 2 % de leur chiffre d'affaires.

Vu de nos magasins, nous avons l'impression de faire beaucoup de choses intéressantes, mais ce soir, nous nous rendons compte de tout ce que nous ne pouvons pas faire. Nous, distributeurs, nous ne pourrons pas résoudre les problèmes structurels qui n'ont pas été réglés depuis des décennies. Nous ne pourrons pas compenser les difficultés de l'export, qu'elles affectent la viande bovine, le beurre, la poudre ou d'autres produits laitiers. Nous ne pourrons pas compenser la non-participation de la restauration hors domicile, pas plus que nous ne pourrons convaincre le consommateur de consommer ce qu'il ne veut pas consommer.

En revanche, nous avons fait des choses constructives et intelligentes. Lors des négociations du mois de février, le prix du lait était relativement bas. Chacun d'entre nous, à sa manière, sans se concerter, a eu l'intelligence de fixer un prix au-dessus du marché, pensant qu'il serait rattrapé par le marché, ce qui ne s'est pas produit. Mais, comme les autres, nous sommes restés au même prix depuis le début, en regrettant que cela n'arrive pas jusqu'au producteur. Être resté à ce prix est intelligent. C'est un bon système et nous pouvons continuer dans ce sens. Il convient de porter cela à notre crédit.

Chez Casino, nous avons aussi régulé les promotions dans le domaine du porc, suite à une discussion avec son responsable national. Nous l'avons fait, monsieur le ministre, avant même que vous ne nous y incitiez. Notre enseigne, comme les autres, a donné, à partir du 22 juin, 5 centimes supplémentaires par semaine, et nous nous y tenons. Nous regrettons de voir qu'ils n'ont pas été inscrits dans les cours. C'est la question de l'oeuf et de la poule. L'idée était d'amorcer le processus, en attendant que les cours suivent, ce qui ne s'est pas produit. Cela étant, nous avons pris des mesures, nous en avons discuté cet après-midi et nous espérons que cela va arriver. Certes, il y a dans ce processus une part artificielle. Mais nous sommes dans l'urgence et nous devons poursuivre cet effort.

Cet après-midi, il y a eu de nombreux communiqués. Je signale que, s'agissant du marché du steak, il y a eu une augmentation pour les produits vendus en boucherie et même pour le surgelé – avec un petit différé parce qu'il y a des stocks. Pour les autres produits, nous n'avons pas eu, pour l'instant, de demande des industriels.

D'autres choses restent à faire. Nous pouvons améliorer l'étiquetage, travailler sur les modes de contractualisation en ce qui concerne la qualité et la segmentation. Je ne serai pas aussi catégorique que M. Serge Papin, il n'y a peut-être pas à revoir la LME, car c'est le problème des gros qui se cachent derrière les petits. Et les gros n'ont pas besoin de vous, mesdames et messieurs les députés, car ils se débrouillent très bien au niveau mondial. En revanche, on peut imaginer des mesures de discrimination positive pour les PME. Ce serait probablement utile. On nous objectera que ce n'est pas possible au niveau européen. Étudions le sujet ! Je pense qu'on peut faire quelque chose pour protéger les PME et leur donner des garanties supplémentaires dans les négociations.

On le fait d'une manière volontaire avec la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France, mais on pourrait peut-être inscrire cela dans la réglementation, à défaut de le faire dans la pratique. Il faudrait y réfléchir, non pas – je me tourne vers les industriels – dans un esprit polémique, mais dans un esprit constructif. J'estime que ce serait utile pour ces entreprises.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion