Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 30 juin 2015 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Le général Haftar est le chef des armées de Tobrouk. S'il y a un accord politique, il faut que celui-ci intègre l'existence d'un cessez-le-feu et qu'on mette en place un dispositif pour éliminer Daech. Au gouvernement provisoire de dire sous quelle autorité.

Je rappelle que le négociateur de l'accord est M. León, non la France.

Monsieur Pueyo, le Conseil européen a permis deux avancées : la prise en compte de l'action préparatoire, qui consiste à pouvoir financer par le budget européen des programmes de recherche à vocation militaire, et la possibilité de financer, grâce à une ligne budgétaire européenne spécifique, l'équipement des forces lorsqu'on mène une opération de formation du type EUTM Mali.

Je rappelle que la nouvelle stratégie de défense et de sécurité est le document que veut préparer Mme Mogherini sur le concept de sécurité européenne, avec des décisions d'action, contrairement au précédent document stratégique de 2003.

Madame Gosselin-Fleury, en Irak, je ne vois pas d'autre solution. Les troupes irakiennes sont au sol, avec l'appui de la coalition. Nous n'envisageons pas d'envoyer de troupes au sol : il revient aux Irakiens d'assumer cette tâche, ce qui prendra du temps, Il vaut mieux prendre du temps à les former que de mener des opérations vouées à l'échec, lesquelles entraîneraient une logique défaitiste et susciteraient des cris de victoire de Daech. Il faut aussi éviter que les forces iraniennes jouent les supplétifs.

Monsieur Audibert Troin, en dehors des 15 000 combattants étrangers de Daech que j'ai cités – parmi lesquels 460 Français, mais aussi des Tunisiens, des Tchétchènes ou des Australiens –, cette organisation comporte les tribus sunnites, humiliées par le gouvernement al-Maliki, et d'anciens membres des forces irakiennes de Saddam Hussein. Lorsque les forces de sécurité irakiennes sont battues, elles laissent sur place leurs équipements, Daech taxe les trafics et bénéficie – même si c'est de moins en moins vrai compte tenu des frappes aériennes – de ressources pétrolières qu'elle vend en faisant du dumping. Elle organise aussi un État, avec des aides sociales, en rétablissant l'eau et l'électricité –– et dispose d'une armée d'environ 30 000 à 40 000 hommes, commandée par un général en chef tchétchène et habituée au combat urbain, classique, et au terrorisme.

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