Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 30 juin 2015 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Le processus d'Alger présente beaucoup d'avancées, à la fois en termes politiques, militaires et de développement – peu envisageables il y a encore six mois : l'accord pour le DDR, la volonté de régionalisation ou la création d'un Sénat pour faire en sorte que les grands chefs historiques trouvent une place dans le processus démocratique. J'ai trouvé le président Ibrahim Boubacar Keïta très déterminé à mettre tout cela en oeuvre rapidement. Le DDR est le point le plus difficile, ce que je vais souligner vendredi aux Nations unies. Encore faut-il en effet qu'il y ait une affirmation politique de cette organisation. Je suis donc plutôt optimiste, compte tenu de la forte dynamique mise en place.

S'agissant des bateaux arraisonnés en haute mer en Méditerranée, nous serons bien obligés d'accueillir les réfugiés. C'est la raison pour laquelle il faut suivre les trois étapes que j'évoquais.

Concernant le trafic de pétrole en Libye, il faut un mandat pour s'y opposer.

Quant à Bachar al-Assad, la position de la France consiste à le combattre. La solution politique est sans lui, mais non sans les éléments alaouites, voire du gouvernement actuel. Je rappelle que c'est lui qui a libéré les prisonniers ayant constitué Daech, dont il achète aussi le pétrole, vendu également à des acheteurs clandestins.

Monsieur Folliot, les frappes en Irak ont quand même empêché la prise de Bagdad et changé la donne ! Elles jouent un rôle très important.

Il est vrai que la description que j'ai faite peut sembler terrifiante. La solution est que les sunnites soient intégrés dans le dispositif politico-militaire. Nos alliés de la coalition travaillent en ce sens, de même que les Saoudiens et les Qataris : ils vont les voir pour faire en sorte qu'ils se détachent d'une passivité ou d'une complicité avec Daech, pour les remettre dans le système des Forces de sécurité irakiennes (FSI) et du gouvernement irakien. Il faut aussi que le premier ministre irakien fasse preuve d'ouverture – et évite de retomber dans la dérive de son prédécesseur.

Monsieur Bapt, il y a eu une rumeur selon laquelle le programme tripartite entre le Liban, la France et l'Arabie saoudite pouvait être remis en cause par le nouveau ministre de la Défense, qui est le fils du roi et son directeur de cabinet. Mais je l'ai vu la semaine dernière à Paris et il m'a confirmé que ce programme se poursuivait.

Nous sommes aussi tout à fait conscients de la situation à Hassakeh.

Quant à la Turquie, s'agissant des Kurdes, qui sont les plus combattants, elle a tendance à considérer qu'ils peuvent être une menace pour elle. Cela accroît la complexité de la situation en Syrie, où différentes forces armées sont en présence : Daech, Jabhat al-Nosra, les forces de Bachar al-Assad, les Kurdes ou l'armée syrienne libre.

Par ailleurs, nous sommes parmi les pays européens celui qui a été le plus accueillant vis-à-vis des chrétiens d'Orient. Le ministre des Affaires étrangères a engagé une démarche aux Nations unies à cet égard et ils constituent pour nous, je crois, une préoccupation constante.

S'agissant du Liban, personne n'oublie que nous y avons des forces au sud et la relation forte que nous avons avec lui. On ne peut évidemment avoir à son égard la même posture qu'en Syrie. Nous nous préparons à toutes les hypothèses.

Pour l'instant, nous n'avons pas de contact avec le Hezbollah.

Enfin, Monsieur Voisin, je prends bonne note de ce que vous dites s'agissant des réservistes. Je pense que le problème que vous soulevez est une question d'organisation, non de financement. Nous avons prévu une montée en puissance des réserves, jusqu'à 40 000 en 2019. Je suis très vigilant sur ce point.

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