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Intervention de Patrick Boissier

Réunion du 5 décembre 2012 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Patrick Boissier :

Monsieur Chrétien, nous allons poursuivre notre politique de communication, en particulier auprès des élus, pour renforcer la connaissance de DCNS, qui, en effet, n'est pas qu'un fabricant de bateaux. Bien sûr, nous employons des soudeurs, comme à Cherbourg. Mais aussi des ingénieurs système, qui travaillent sur le coeur du navire, sur ce qu'il y a de plus complexe en matière de systèmes informatiques intégrés. Pour vous donner une idée, le programme du Combat Management System des FREMM fait 25 millions de lignes – contre un million pour le celui d'un avion de chasse et 5 millions pour celui du Charles de Gaulle. C'est cela, aujourd'hui, la réalité de DCNS.

Vous m'avez également interrogé sur le projet FlexBlue. Nous avons lancé, il y a deux ans maintenant, le concept d'une centrale nucléaire sous-marine, laquelle présente de nombreux avantages. Ce projet est jusqu'alors autofinancé. Nous continuons à y travailler, avec une cinquantaine d'ingénieurs. À ce stade, nous sommes un peu comme Airbus qui aurait conçu la cellule de l'avion, mais qui n'aurait pas encore les moteurs. Le moteur dont nous avons besoin, en l'occurrence, est un petit réacteur, qui reste à développer. Nous en discutons avec le CEA, EDF et AREVA. La décision n'est pas encore prise. Je souhaite qu'elle le soit. Car si la France ne fait pas le choix de développer un petit réacteur, nous allons nous faire « doubler » dans ce domaine par les Américains, les Chinois, les Russes ou les Coréens.

FlexBlue ne verra sans doute pas le jour en 2017 – en tout cas pour le branchement du premier prototype. Mais il le verra très certainement à l'horizon de la décennie. Je souhaite qu'il soit doté d'un petit réacteur français, et non pas russe ou coréen.

Monsieur Candelier, il est possible de partager avec d'autres pays la ressource – ou plutôt les faibles moyens – dont nous disposons pour protéger les océans. La France a la deuxième zone exclusive mondiale, et l'Europe la première. Nous pouvons donc mettre des moyens et des zones économiques exclusives en commun. Mais s'il y a certainement des synergies à développer, ce ne peut pas être l'unique réponse. La première réponse est l'augmentation des moyens que nous consacrons à la surveillance et la sécurité de nos espaces maritimes.

J'admets par ailleurs que, dans certains cas, nous aimerions que les règles d'exportation soient assouplies. Nous aimerions également obtenir des réponses plus rapides. Cela nous mettrait à égalité avec certains de nos concurrents. Pour autant, globalement, le système fonctionne assez bien et je ne m'en plaindrai pas.

Monsieur Boisserie, peut-on distribuer moins de dividendes pour être plus compétitifs ? Nous avons, certes, distribué près d'un milliard de dividendes à l'État depuis l'origine, mais il faut mettre cela en regard des chiffres d'affaires cumulés pendant dix ans. Le taux de résultat de DCNS est correct – à peu près 7 % de résultats d'exploitation. Le taux de ce que nous distribuons est lui aussi normal. Nous conservons largement de quoi assurer notre développement et augmenter nos activités de R & D. Notre trésorerie est positive. On ne peut donc pas dire que la distribution de dividendes à l'État affaiblisse DCNS.

Madame Gosselin, vous m'avez fait part d'inquiétudes sur Cherbourg. On nous demande toujours d'augmenter les embauches, en particulier sur certaines fonctions, et c'est parfois justifié. Mais globalement, l'effectif de Cherbourg n'est pas en baisse. Le programme des Barracuda assure au site une visibilité sur le long terme. Cependant, nous sommes dans l'incertitude sur les volumes à réaliser : nous ne savons pas aujourd'hui ce que sera la prochaine loi de programmation militaire future et si celle-ci ne se traduira pas par un étalement de la réalisation des sous-marins, et donc par une légère baisse des besoins.

Par ailleurs, nous développons l'alternance dans tous nos sites et nous recrutons une part majoritaire des alternants qui travaillent chez nous. Environ 60 % des alternants sur des emplois en développement sont recrutés par DCNS et plus de 80 % trouvent un emploi soit chez DCNS, soit en dehors, chez nos partenaires.

Enfin, nous avons décidé de nous développer dans l'hydrolien. Comme nous partions de rien, nous avons choisi de faire alliance avec une société irlandaise, OpenHydro, une start-up, dont la technologie est, selon nous, la plus avancée et la plus prometteuse. Nous possédons 11 % de cette société et nous avons une option pour en prendre le contrôle. Nous avons jusqu'à la fin de l'année pour exercer cette option, et nous avons bien l'intention de le faire.

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