Intervention de Marie-Odile Bouillé

Séance en hémicycle du 17 septembre 2015 à 9h30
Approbation de l'accord france russie sur les bâtiments de projection et de commandement — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Odile Bouillé :

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la présidente, je ne vous cacherai pas ma satisfaction, en tant que députée de la circonscription de Saint-Nazaire, de voir soumis à notre assemblée ce projet d’accord visant à régler le différend entre la France et la Russie sur l’avenir du Vladivostok et du Sébastopol, les deux bâtiments stationnés dans le port de Saint-Nazaire. Presque un an après la date prévue de livraison du Vladivostok, cet accord est un succès pour la diplomatie française.

C’est en janvier 2011, au moment où les chantiers navals connaissaient, il est vrai, un creux d’activité extrêmement inquiétant, que le contrat a été signé. Après un appel d’offres international, la construction de deux BPC de type Mistral était confiée aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire, pour le compte de la DCNS. Cette nouvelle fut unanimement saluée à l’époque : elle signifiait la reconnaissance du savoir-faire de nos chantiers navals, et des millions d’heures de travail pour l’écosystème de la filière navale en Pays de la Loire, alors en mauvaise posture.

Il est vrai que la construction de paquebots a toujours été une activité industrielle très fragile et soumise aux événements internationaux, comme l’a montré la baisse des commandes consécutive aux attentats du 11 septembre 2001.

Ce contrat pour la construction de deux BPC en France et deux autres en Russie fut également salué comme ouvrant de nouvelles perspectives de coopération entre la France et la Russie.

En annonçant en novembre 2014, le gel de la livraison des bâtiments à la marine russe et en posant comme préalable à la vente la mise en oeuvre d’un cessez-le-feu et de solutions politiques durables dans le conflit ukrainien, le Président de la République a pris une décision courageuse. La France, fidèle à ses valeurs et à l’indépendance de sa parole, réaffirmait à cette occasion la fermeté de son engagement pour le respect de la souveraineté de l’État ukrainien.

Que n’a-t-on alors entendu ! Que la France risquait de voir sa réputation gravement entachée dans ses relations commerciales avec ses partenaires, que nos chantiers risquaient de connaître des conflits sociaux, qu’il y aurait des conséquences judiciaires, etc. Chacun y allait de son commentaire, comme si, derrière la décision présidentielle, des enjeux diplomatiques supérieurs ne devaient imposer, en toutes circonstances, un minimum de silence !

Aujourd’hui, nous savons que ces dangers sont écartés ; il n’y a pas eu d’impact sur l’emploi. François Hollande a pris cette décision pour des raisons géopolitiques et non commerciales ou industrielles. Les chantiers STX, nos derniers chantiers navals civils, ont parfaitement rempli leur part du contrat, avec le professionnalisme et le savoir-faire dont ils font toujours preuve.

Désormais qu’un accord a été entériné entre la France et la Russie, il convient de trouver une solution rapide pour permettre aux BPC de quitter le port de Saint-Nazaire. Les quais doivent être libérés rapidement, car le carnet de commandes de STX est plein pour plusieurs années – le journal Les Échos a même évoqué « un carnet de commande pléthorique » –, ce dont nous ne pouvons que nous réjouir. STX oeuvre actuellement à la construction de deux navires de croisière, les plus grands paquebots jamais construits au monde, qui devraient être livrés en 2016 et en 2018 à l’Américain Royal Caribbean International ; un autre navire sera livré en 2017 à l’armateur MSC.

La construction de paquebots est un processus qui ne peut souffrir de retard, en phase de construction comme en phase d’armement. Les quais où sont stationnés les BPC sont destinés à l’armement des paquebots. L’accord redonnant à la France la pleine propriété des deux navires, je vous demande de tout mettre en oeuvre pour parvenir à trouver le ou les acquéreurs qui voudront en équiper leur flotte. Le temps presse ! Je note avec satisfaction qu’une délégation égyptienne est venue récemment à Saint-Nazaire. Quelle que soit l’issue des négociations, le départ des BPC doit être envisagé dans les meilleurs délais.

Je souhaite aussi appeler l’attention du Gouvernement sur les conséquences financières pour nos chantiers. Il est impératif de veiller à ce que l’annulation de cette vente à la Russie et l’immobilisation des BPC dans le port n’emportent aucune conséquence financière pour STX.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion