Intervention de Serge Letchimy

Réunion du 29 septembre 2015 à 16h15
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Letchimy, rapporteur :

Quelles seront les conditions d'accessibilité au Fonds vert ?

La troisième question que je souhaite aborder est celle de la coopération scientifique et de l'organisation par bassins maritimes transfrontaliers. Il y a quelques années, les élus d'outre-mer ont obtenu que l'expression « bassin maritime transfrontalier » soit inscrite dans la loi Grenelle, créant ainsi un nouveau concept qui permet aux outre-mer d'acquérir une nouvelle dimension en matière de coopération scientifique : ils ne sont plus réduits à n'exister, de ce point de vue, que comme des régions et départements de France. J'espère pouvoir compter sur le soutien de l'ensemble des outre-mer lorsque je défendrai ma proposition de loi sur la coopération, qui pourrait nous permettre un élargissement à ce qu'Aimé Césaire appelait la « géographie cordiale ». Si nous n'avons pas la possibilité de nous connecter facilement à la diplomatie territoriale et à l'économie de proximité, nous aurons beaucoup de mal à évoluer – c'est Laurent Fabius lui-même qui l'affirme.

Aimé Césaire me disait souvent : « Cherche dans la nature, tu vas trouver », et je me suis longtemps interrogé sur le sens de cette phrase. Appliquée au changement climatique, elle signifie qu'il faut savoir le considérer comme une opportunité de reprendre la main en matière de stratégie de développement endogène. Toutes les expertises réalisées à partir de l'Europe continentale sont inadaptées à nos réalités – certaines sont adaptables, mais pas toutes. S'inspirer des liens entre la résilience sociale, la résilience économique et la résilience en matière de biodiversité, pour produire de l'innovation technologique en mêlant le coutumier à la modernité, nécessite de mettre au point des stratégies de recherche et développement par bassin maritime transfrontalier.

Il y a trois ans, Sainte-Lucie a été ravagée par un cyclone. Les dégâts n'auraient sans doute pas été aussi importants si l'île avait été dotée de moyens de communication météorologique plus performants, à l'échelle du bassin maritime transfrontalier. Il en est de même pour les algues sargasses qui envahissent toutes les côtes des Antilles : si la Martinique est particulièrement touchée par ce problème, sa résolution ne se fera qu'à une très grande échelle, incluant même le Brésil.

En tant que parlementaire, je vous remercie de privilégier cette approche globale des choses, madame la ministre, et j'appuierai les efforts que vous accomplirez pour nous permettre de trouver notre place au sein de la COP21. Ce n'est pas gagné – pour le moment, je n'ai pas ressenti une volonté affirmée de l'État et des ministères d'aller en ce sens –, mais nous comptons sur vous.

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