Intervention de Jacques Bompard

Réunion du 18 décembre 2012 à 16h15
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Bompard :

Je suis, pour ma part, fort marri par l'impossibilité de dialogue entre ceux qui sont favorables au mariage pour tous et ceux qui défendent le mariage traditionnel. L'argument qu'il s'agit d'un engagement du programme présidentiel ne vaut pas : l'élection présidentielle n'est pas un référendum. De plus, il est fréquent en France qu'on ne respecte pas les résultats d'un référendum. Enfin l'abstention a été si importante lors de l'élection présidentielle que le président de la République n'a pas été élu par la majorité du corps électoral. En tout état de cause, le Président n'a pas tous les droits, et certainement pas celui de modifier une institution qui est au fondement de notre société.

Pour avoir assisté à trois des auditions dont vous parlez, je peux vous dire qu'il s'agissait moins de débattre que de célébrer une messe. Nous avions le droit d'interroger les personnes auditionnées, mais non de discuter avec elles. D'ailleurs peu de parlementaires y assistaient. Il faut dire que certains partisans du mariage traditionnel n'ont pas été auditionnés, malgré ma demande expresse. Quant aux représentants des grandes religions, ils se sont plaints de n'avoir pas été écoutés par la Commission.

Pourtant ce débat, par son importance, dépasse largement notre assemblée. Il conviendrait ainsi de s'interroger sur la notion de progrès de la société, qu'on vient encore de nous resservir : quel est l'étalon propre à mesurer ce prétendu « progrès » ? On devrait se demander si l'évolution du mariage à laquelle on assiste est vraiment un progrès pour notre société. Ne s'agirait-il pas plutôt d'une évolution malheureuse contre laquelle il faudrait lutter ? Pour ma part, je crois qu'ouvrir à tous ce qui était une institution fera considérablement reculer notre société.

Lorsqu'elle était garde des Sceaux, Mme Élizabeth Guigou assurait, la main sur le coeur, que l'adoption du PACS rendrait impossible le mariage homosexuel. Quelle foi peut-on vous accorder lorsque, aujourd'hui, vous assurez que jamais, au grand jamais, vous ne légaliserez la GPA ?

Tout cela montre la légèreté avec laquelle vous prenez des décisions qui remettent en cause l'avenir même de notre civilisation. Une majorité accidentelle ne vous donne aucune légitimité pour changer les fondements de notre société.

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