Intervention de Pierre-Yves Le Borgn'

Réunion du 5 novembre 2015 à 15h00
Commission élargie : finances - affaires économiques - affaires étrangères - développement durable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Yves Le Borgn', rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères :

Dans mes travaux et analyses préparatoires, je me suis attaché à suivre prioritairement la question du climat, pour des raisons évidentes : l'imminence de la conférence Paris Climat 2015 et, plus fondamentalement, l'urgence absolue que ce sujet constitue pour l'avenir même de la vie sur terre.

Une réalité illustre cette urgence. La concentration de CO2 dans l'atmosphère se mesure en parties par million (ppm). Au-delà de 450 ppm, les scientifiques assurent que la température terrestre augmentera de plus de deux degrés centigrades par rapport à l'ère préindustrielle, ce qui rendra les dérèglements climatiques incontrôlables. La concentration était de 270 à 280 ppm au début du XIXe siècle ; elle s'élève désormais à 400 ppm. Si les tendances actuelles se poursuivaient, le seuil des 450 ppm serait atteint sous vingt ans ; si l'on se contentait de stabiliser le niveau des émissions, il le serait sous trente ans. Autrement dit, pour l'humanité, il est minuit moins une…

Les émissions de CO2 dépendent directement du mode de production d'énergie : elles sont liées à près de 50 % à la production d'électricité et de chaleur. En 2012, au niveau mondial, la consommation de charbon restait, avec 44 %, la principale source de CO2 dans le total des émissions liées à la consommation de combustibles, devant le pétrole – 35 % – et le gaz naturel – 20 %. Dans le monde, les principaux utilisateurs de charbon pour la production d'électricité sont la Chine, les États-Unis et l'Union européenne où demeurent trois grands États membres charbonniers : l'Allemagne, la Pologne et le Royaume-Uni.

Ces toutes dernières années, nous avons assisté à un basculement progressif, mais lent, du bouquet énergétique au profit d'énergies décarbonées ou faibles en carbone ; il faut s'en réjouir. Les résultats restent cependant insuffisants, même dans le secteur des énergies renouvelables, avec lequel mon parcours professionnel passé m'a familiarisé. Le coût de ces énergies a considérablement baissé depuis 2010, mais de manière inégale selon les régions du monde, l'Europe étant, fort heureusement, très en pointe dans cette évolution. Le développement des énergies renouvelables requiert toujours de lourds investissements et se heurte au double écueil de la gestion de l'intermittence et de l'absence de solution de stockage.

Grâce à la loi relative à la transition énergétique que vous avez portée, madame la ministre, la France a en partie montré le chemin. Je connais d'ailleurs, depuis le plan énergie solaire de votre région du Poitou-Charentes, votre passion pour les énergies propres, décarbonées, sources de développement local. Je sais également le travail que vous menez auprès des milieux de l'industrie verte et de la finance verte.

J'aimerais donc vous poser une série de questions précises qui ont trait aux conditions du succès de la conférence Paris Climat 2015.

Quels ont été les résultats de la dernière réunion des parties à Bonn ? Que peut-on attendre des prochaines échéances, à savoir la pré-COP qui se tiendra à Paris dans quelques jours et la réunion du G20 à Antalya, en Turquie, qui la suivra de peu ? À quelle date la clause de révision, essentielle à la réussite de la conférence, devrait-elle commencer à jouer au regard des nombreuses contributions nationales, souvent encourageantes, qui ont été reçues ? Faut-il institutionnaliser pour l'avenir l'agenda des solutions, ce qui valoriserait le rôle majeur joué par l'industrie, grâce aux progrès technologiques sans cesse renouvelés, et par l'intervention du secteur financier ? Quel rôle peut ou doit jouer la Banque européenne d'investissement pour lutter contre le réchauffement climatique, au sein de l'Union européenne, mais aussi au-dehors ? Enfin, atteindra-t-on les objectifs assignés pour 2020 au financement du Fonds vert pour le climat ?

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