Intervention de Jacques Krabal

Réunion du 9 novembre 2015 à 16h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Krabal :

J'ai déjà participé au débat sur cette question en première lecture. Vous m'aviez alors interpellé, madame la présidente, sur le fait que j'aurais pu rencontrer le lobby viticole. Or je l'ai fait. Aujourd'hui, vous dénoncez le fait que nous n'avons pas reçu les acteurs de la lutte contre l'alcoolisme, notamment l'ANPAA. Or je les ai rencontrés également.

Il faut arrêter de nous faire de tels procès : en tant que parlementaires, nous ne sommes pas agrégés ès certitudes ! Nous avons certes des convictions, mais nous avons besoin de connaître les arguments des uns et des autres. Pour ma part, je ne suis pas viticulteur et n'ai pas d'intérêt dans la vigne, et je sais ce qu'est l'alcoolisme pour l'avoir vécu dans ma famille. Je ne peux donc pas accepter que l'on m'accuse de défendre une mesure qui favorise l'alcoolisme !

Regardons la réalité en face : la loi Évin est un totem ; certes, elle a été un succès dans bien des domaines, mais nous avons encore des efforts à faire en matière de prévention. Le vin est un aliment dont la consommation a fortement chuté, alors que le binge drinking connaît une hausse phénoménale. Nous devons lutter contre l'alcoolisme, en particulier chez les jeunes. Or, selon moi, ce n'est pas en supprimant l'article 4 ter que nous renforcerons cette lutte.

Par contre, je suis certain que nous nous tirerons ainsi une balle dans le pied. Je l'ai constaté encore il y a quelques jours : des journalistes d'une chaîne de télévision nationale sont venus faire des reportages sur le vin, mais ils ne voulaient surtout pas filmer de bouteilles ! Peut-être n'y a-t-il eu que cinquante cas de jurisprudence, mais il y a aujourd'hui un blocage lorsqu'il s'agit de communiquer sur le produit culturel et artistique qu'est le vin. Je suis donc favorable à une clarification des règles, tout comme le Président de la République.

Et je suis favorable à la prévention ! Mais arrêtons d'aller au-delà ! C'est une très bonne chose que d'autres pays européens envisagent d'adopter une législation équivalente à la loi Évin. Mais observons aussi comment les autres pays communiquent sur le vin, en Europe et ailleurs dans le monde. Ce qui a été dit sur le prosecco et le cava est exact. C'est même tellement vrai que la France s'est fait souffler la première place mondiale en matière de ventes de vin cette année ! Nous devons donc renforcer ce qui marche, tout en luttant de toutes nos forces contre l'alcoolisme. L'enjeu est d'agir sur ces deux aspects à la fois. Et il n'y a pas d'enjeu personnel en la matière.

D'ailleurs, les représentants de l'ANPAA ne sont pas opposés à cette politique. En réalité, ils craignent que cet article n'ouvre la voie à davantage de publicité sur les alcools étrangers, point sur lequel il serait certainement nécessaire de le préciser. Madame la présidente, pourquoi cherchez-vous à faire passer pour des pro-alcooliques les députés qui défendent la France et le vin comme produit culturel ? Je ne comprends pas votre position.

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