Intervention de Catherine Lemorton

Réunion du 9 novembre 2015 à 16h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Lemorton, présidente :

Ce n'est pas de la caricature, monsieur Robinet : nous avons effectivement entendu des arguments de ce type, tous plus idiots les uns que les autres. Voilà jusqu'où l'on va en termes d'arguments irrecevables lorsqu'il est question d'alcool ! Et nous n'en sommes qu'au début de ce roman : j'attends les débats sur ce sujet dans l'hémicycle, qui donneront sans doute encore lieu à des articles dans les journaux satiriques !

Moins de 6 % des poursuites engagées concernaient le vin ! J'entends invoquer la culture, mais je vous rassure : dans les hebdomadaires, dans la presse, sur internet, la publicité pour le vin trône en bonne place, il n'y a absolument aucun problème !

Il semble toujours que l'alcool ne doive jamais être directement visé par des mesures de prévention. Ce n'est jamais le moment. Or il faut toujours faire plus de prévention. Le but de la prévention, c'est pourtant d'en réduire la consommation ! « L'alcool est bon pour la santé », prétend-on, mais il n'y a que l'eau qui lui soit nécessaire. Rassurons ceux qui suivraient nos débats : s'ils ne boivent qu'un verre de vin par mois, ils n'en mourront pas ! En santé publique, une politique de prévention s'inscrit dans une perspective de très long terme, et il faut attaquer sur tous les fronts. Je le répète : ce n'est pas qu'en buvant des alcools forts que nos jeunes s'alcoolisent massivement ! Ce faux clivage entre les alcools forts et nos vins, qui, eux, ne seraient que plaisir, m'agace profondément.

Le docteur Amine Benyamina a intitulé l'un de ses ouvrages L'Alcool, du plaisir à la souffrance. C'est précisément à ce point que doivent se tenir nos politiques. Il s'agit de ne pas favoriser le passage du plaisir à la souffrance, donc à la dépendance. En maintenant cet article 4 ter nouveau, nous ferions précisément franchir ce pas à certains. Oh, évidemment, tout le monde ne serait pas concerné ! Nous savons très bien que les effets de l'alcool et du vin ne sont pas les mêmes selon les personnes et les situations, que les corps n'auront pas le même souvenir du plaisir procuré.

Si mon amendement de suppression n'est pas voté, je n'en fais pas une affaire personnelle. Je vous donne simplement rendez-vous dans quinze ou vingt ans. Pour ma part, je ne joindrai pas ma voix aux vôtres pour enfoncer un coin dans la loi Évin, car c'est de cela qu'il s'agit, ne vous en déplaise !

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