Intervention de Valérie Boyer

Réunion du 9 novembre 2015 à 16h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Boyer :

Une fois de plus, mes collègues ont dû trouver mon travail excellent puisqu'ils ont totalement plagié la proposition de loi que j'avais déposée, en changeant juste les sanctions pour qu'elle ne porte pas mon nom.

Le problème n'est pas tant celui des mannequins que celui du modèle qui est proposé. Nous sommes soumis à plus de 2 000 signaux publicitaires par jour, qui utilisent souvent le corps des femmes comme vecteurs, avec des photos retouchées. Le problème n'est pas que ces photos soient retouchées, il en va de la liberté de l'artiste et chaque publicitaire peut diffuser l'image qu'il souhaite, mais de faire passer pour réel quelque chose qui ne l'est pas, sans prévenir le lecteur ou le spectateur. Il ne s'agit pas d'incriminer les mannequins plus que les autres, mais de faire savoir que les images diffusées ne reflètent pas la réalité, contrairement à ce que l'on voudrait nous faire croire.

Il existe aujourd'hui des logiciels de traitement de l'image très simples – ce sont des formules mathématiques – qui permettent de dire dans quelle proportion l'image a été retouchée, au-delà du fait d'effacer une imperfection passagère sur un visage. Chaque personne est propriétaire de son image, le problème est de s'adresser à un public sans le prévenir que l'image a été modifiée. Il en va des images corporelles comme des photos de guerre ou des photos de manifestations, c'est un problème de déontologie de l'image.

Souhaitons-nous avoir un débat sur la déontologie de l'image, ou préférons-nous continuer à infantiliser et tromper les lecteurs en utilisant des logiciels de transformation de l'image sans les prévenir ? Lorsqu'un article de journal affirme des faits qui ne correspondent pas à la réalité, le journal peut être attaqué en diffamation. Pour les images, il n'y a aucune protection, ni du travail des photographes, ni de la propriété de l'image corporelle du modèle – ces images, en effet, sont souvent modifiées sans prévenir cette dernière – ni des spectateurs.

Aujourd'hui, nous avons la possibilité de signaler simplement qu'une image a été modifiée. Il est proposé non pas d'interdire sa modification, mais simplement de cesser d'infantiliser le lecteur ou le spectateur, et de protéger la personne à qui cette image est destinée, ainsi que celle qui pose. C'est un simple problème d'information.

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