Intervention de Valérie Boyer

Réunion du 9 novembre 2015 à 16h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Boyer :

Sur le fond, je me félicite qu'à Paris, capitale mondiale de la mode, on se préoccupe de l'image corporelle et de protéger des personnes qui peuvent être en danger. On envoie ainsi des signaux à toutes celles dont la santé est en péril du fait de leur extrême maigreur.

Pour autant, il ne faut pas stigmatiser la profession de mannequin ou les agences de mannequins. Celles-ci emploient en effet des personnes hors-norme, aux mensurations exceptionnelles, même si nous avons tous entendu des témoignages particulièrement poignants de personnes qui s'affamaient pour pouvoir continuer à travailler. Ne tombons donc pas dans le mythe de Procuste, qui voulait que tout le monde se ressemble.

Comme mes collègues qui se sont exprimés sur le sujet, je suis néanmoins gêné par les discriminations que cet amendement introduit dans la loi. Il est en effet compliqué de faire mention de l'IMC, car on pourrait ensuite l'appliquer à d'autres professions et introduire d'autres discriminations, ce qui me semble dangereux. Je ne mésestime pas non plus le danger que courent les personnes qui travaillent en état d'extrême maigreur. C'est la raison pour laquelle j'avais proposé une rédaction qui me semblait mieux correspondre à la situation. On peut appliquer aux agences de mannequins l'obligation de sécurité prévue par le code du travail, puisqu'il existe déjà une règle générale prévoyant une obligation de sécurité de l'employeur envers son salarié. Il faudrait donc ériger cette règle générale en règle spécifique pour des métiers exposés.

Nous parlons des agences de mannequins, mais rappelons que dans le monde du sport ou de la danse, et partout où des employeurs ont des comportements excessifs, les mêmes problèmes se posent. Je propose donc que l'on ait des exigences propres à l'exercice de certains métiers, pour qu'ils ne mettent pas en danger la santé de ceux qui les exercent. Une sanction pénale peut être prévue pour les employeurs de ces personnes qui ne veilleraient pas au respect de ces obligations, en conformité avec des mesures pénales qui existent déjà et qui sont définies par le code du travail. Cette protection supplémentaire pour des métiers exposés me semble préférable à l'introduction, dans le code de la santé publique, d'une discrimination fondée sur un critère physique.

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