Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 3 novembre 2015 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Je souhaite faire le point sur nos différentes opérations extérieures. Je ferai aussi quelques remarques sur l'Europe de la défense, compte tenu d'un certain nombre de progrès significatifs avec nos amis allemands. Je dirai enfin deux mots de nos exportations d'armement, ainsi que de notre coopération avec le Royaume-Uni. À l'issue de cette réunion, je me rendrai d'ailleurs à Londres pour célébrer le cinquième anniversaire du traité de Lancaster House. À cette occasion, je décorerai plusieurs soldats britanniques et j'aurai un échange avec mon homologue, Michael Fallon.

Je commence par la situation dans la bande sahélo-saharienne. S'agissant du Mali, lors de la visite d'État du président Ibrahim Boubacar Keïta en France, il y a quelques jours, nous avons constaté avec lui qu'il y avait une stabilisation politique, un retour de la croissance – elle devrait se situer autour de 4 % cette année – et une amélioration considérable de la situation sécuritaire depuis le début de l'année 2013, en particulier depuis la signature de l'accord d'Alger.

Cela étant, nous devons rester très vigilants dans la lutte contre les groupes armés terroristes (GAT). Même s'ils sont beaucoup moins nombreux et actifs, ils n'ont pas renoncé à faire dérailler le processus politique ni à agresser les forces internationales, celles de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) comme celles de l'opération Barkhane. Ainsi, le groupe Al-Mourabitoune continue à mener des actions au Sud, de même que le mouvement Ansar Eddine, dirigé par Iyad Ag Ghali, et les restes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), au Nord, dans l'Adrar des Ifoghas. Un nouveau groupe, le Front de libération du Macina, issu d'autres groupes à dominante arabe, est apparu au sud de Tombouctou, à la frontière avec le Burkina Faso. Il a provoqué à quelques reprises nos forces et, surtout, les forces maliennes. Il ne s'agit pas d'un mouvement majeur, mais il convient d'y faire très attention.

Dans ce contexte, les militaires de Barkhane continuent d'assurer une présence très forte et de mener régulièrement des opérations. En ce moment, il s'agit d'une opération très intense d'une durée de un mois, baptisée « Vignemale », qui vise à repérer des caches, à neutraliser des acteurs et à poursuivre la stabilisation et la sécurisation du pays. Les effectifs de Barkhane varient entre 3 500 et 3 800 hommes en fonction des opérations. Actuellement, ils s'établissent à 3 800 hommes, compte tenu de la phase opérationnelle forte que je viens de mentionner. Notre organisation reste la même : un état-major central situé à N'Djamena et quatre pôles, avec des positions avancées à Faya Largeau, Tessalit et Madama. Cohérente et fonctionnelle, elle donne de bons résultats.

D'autre part, depuis l'accord d'Alger – signé en fait à Bamako le 20 juin dernier –, le Mali est engagé dans un processus vertueux de rétablissement de la paix intérieure entre les autorités de Bamako et les différents groupes qui perturbaient la situation et se battaient souvent entre eux, à savoir, d'un côté, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) – qui regroupe le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et la branche pro-Azawad du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) – et, de l'autre, la Plateforme – qui comprend les mouvements favorables à Bamako, notamment le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), dirigé par El Hadj Ag Gamou, et la branche arabe du MAA. Malgré quelques accrochages, nous sommes globalement dans une phase de stabilisation. Des missions et des patrouilles communes sont même envisagées au Nord entre les forces armées maliennes, le GATIA et la CMA, ce qui serait sans précédent.

Je rappelle que l'accord d'Alger comprend trois volets : un volet militaire, avec la démobilisation, le désarmement et la réinsertion (DDR) des groupes armés, ainsi qu'une réforme du secteur de la sécurité (RSS), mise en oeuvre de manière concomitante ; un volet institutionnel, avec un processus de décentralisation donnant plus d'autonomie aux territoires du Nord ; un volet économique qui vise à favoriser les investissements dans ces territoires. Sur ce dernier point, la conférence internationale pour la relance et le développement du Mali, qui s'est tenue le 22 octobre à Paris au siège de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a produit des résultats plutôt positifs.

Par ailleurs, j'ai pris quelques décisions concernant notre présence au Mali. Premièrement, ayant considéré que le commandement de la MINUSMA était sous-dimensionné, nous contribuons au renforcement de son état-major, aux côtés des Belges, des Canadiens et des Autrichiens, en réponse à l'appel du secrétaire général adjoint des Nations unies, Hervé Ladsous.

Deuxièmement, nous constatons que les Européens sont de plus en plus présents au sein des effectifs de combat et de logistique de la MINUSMA : aux Néerlandais et aux Suédois vont se joindre des Allemands et des Danois. Cette montée en puissance est peut-être un peu tardive, mais c'est une bonne chose.

Troisièmement, nous souhaitons qu'une orientation complémentaire soit donnée à la mission de formation de l'Union européenne au Mali, EUTM Mali, lorsque son mandat arrivera à échéance au printemps prochain : il s'agira de l'articuler avec le processus de DDR des groupes armés signataires (GAS) de l'accord d'Alger. Je soulèverai cette question lors de la réunion des ministres de la Défense de l'Union européenne le 18 novembre prochain à Bruxelles. Je pense obtenir le soutien de mes collègues. Je solliciterai celui de mon homologue britannique dès ce soir, le Royaume-Uni étant présent au sein de la mission EUTM Mali. Rappelons que celle-ci a déjà formé environ 4 000 militaires de l'armée malienne et qu'elle assure un suivi dans les unités. Ce processus est, selon moi, positif.

En ce qui concerne la République centrafricaine, je suis pessimiste pour le court terme, mais plutôt optimiste pour le moyen terme. À court terme, la situation reste tendue et préoccupante. Les derniers chiffres font état de quinze morts et d'une centaine de blessés à Bangui depuis le 28 octobre. Cette recrudescence des violences, à laquelle nous assistons depuis environ un mois, tient notamment à l'approche des échéances électorales. Un certain nombre d'acteurs refusent le processus électoral et veulent en découdre : d'une part, les éléments les plus radicaux de l'ex-Séléka, emmenés en particulier par Noureddine Adam ; d'autre part, les plus extrêmes des anti-balaka, activés en partie par l'ancien président François Bozizé. Ces groupes s'affrontent pour le moindre prétexte : tout récemment, le vol d'une moto s'est soldé par la mort de trois personnes. Les forces de Sangaris sont obligées d'intervenir, notamment en faisant voler les hélicoptères Tigre, afin d'éviter que la situation ne s'enflamme. Compte tenu de l'aggravation des tensions, j'ai proposé au président de la République de maintenir l'effectif de Sangaris à environ 1 000 hommes jusqu'à la fin du processus électoral, alors que nous envisagions de le faire descendre à 600 à la fin de l'année.

De plus, l'environnement des pays voisins est moins stimulant qu'auparavant, car les leaders de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), qui jouissaient d'une certaine autorité sur la zone, sont actuellement repliés sur leur propre territoire : le président tchadien Idriss Déby est confronté à la menace de Boko Haram ; le président gabonais Omar Bongo et son collègue congolais Denis Sassou-Nguesso sont en période préélectorale.

Il existe néanmoins des perspectives à moyen terme. Premièrement, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) est désormais au complet : elle compte 10 000 hommes bien répartis sur l'ensemble du territoire, à la différence de la MINUSMA, qui était restée concentrée sur Bamako à ses débuts. À mesure que la MINUSCA s'est déployée, nous avons retiré les forces de Sangaris, qui ne sont plus présentes, aujourd'hui, qu'à Sibut et à Bangui.

Deuxièmement, la MINUSCA a revu son organisation et fonctionne, selon moi, plus efficacement. La coordination avec l'opération Sangaris se passe bien.

Troisièmement, nous allons demander à l'Union européenne d'envoyer en République centrafricaine une mission de formation du type d'EUTM Mali mais de moindre dimension, pour succéder à la mission de conseil militaire EUMAM RCA. Il convient en effet de reconstituer les forces armées centrafricaines (FACA), aujourd'hui faibles et disparates, afin que le nouveau président dispose d'un un outil militaire suffisamment cohérent, structuré et indépendant des groupes de pression qui s'affrontent actuellement.

En tout cas, les conditions sont réunies pour que les élections se tiennent. Si le dernier calendrier connu est respecté, le premier tour aura lieu avant Noël. La proportion d'électeurs recensés, encore très faible il y a six mois, atteint aujourd'hui 91 %. Une quarantaine de candidats se sont déclarés. Le processus politique est donc en cours, et c'est assez encourageant.

Pour ce qui est de la situation autour du lac Tchad, après avoir subi un certain nombre d'échecs, le mouvement Boko Haram, que l'on considérait auparavant comme une armée bien organisée, s'est rabattu sur des actions de type terroriste – certaines perpétrées tout récemment. En revanche, aucun élément ne nous permet de confirmer à ce stade l'information selon laquelle le chef de Boko Haram Abubakar Shekau aurait été neutralisé. Quant au ralliement de Boko Haram à Daech, il semble être uniquement de façade, car rien ne prouve l'existence de liens militaires entre les deux mouvements, même si Daech est aujourd'hui présent en Libye.

La France n'intervient pas directement dans la lutte contre Boko Haram : elle s'en tient à un appui logistique, médical ou en termes de renseignement aux armées alliées concernées, en particulier à celles du Niger et du Tchad. Le fait nouveau, c'est que les pays de la zone, notamment le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Nigeria, ont constitué une force multinationale mixte (FMM), dont l'état-major est basé à N'Djamena, à proximité de celui de Barkhane. Dans le prolongement du sommet organisé à l'Élysée en mai 2014, nous avons mis en place, à N'Djamena, une cellule de coordination et de liaison (CCL) qui comprend des représentants des pays concernés, ainsi que du Royaume-Uni et des États-Unis.

Le nouveau président nigérian, Muhammadi Buhari, que j'ai rencontré lors de sa visite à Paris à la mi-septembre, se montre beaucoup plus allant que son prédécesseur pour sécuriser le Nord du pays et semble déterminé à rendre la FMM pleinement opératoire. Le poste de commandement tactique de la FMM, situé à Maiduguri, est dirigé par un général nigérian. Quoi qu'il en soit, nous devrons continuer à apporter notre appui à la structuration de la FMM. Les Britanniques ont annoncé qu'ils enverraient une soixantaine de formateurs pour aider l'armée nigériane à se préparer au combat – ce que mon homologue devrait me confirmer ce soir –, et les Américains ont décidé d'installer 300 militaires et quatre drones au nord du Cameroun dans les jours qui viennent. Les renseignements fournis par ces drones seront très utiles à la FMM pour lutter contre Boko Haram.

La montée en puissance de la FMM est lente, mais en bonne voie. Elle participe de l'appropriation par les Africains de leurs problématiques de sécurité, avec le soutien d'un certain nombre de pays volontaires.

J'en viens à la situation au Moyen-Orient. En Irak, depuis que nous avions arrêté la progression de Daech vers Bagdad et Erbil l'année dernière, la ligne de front s'était stabilisée. Or, pour la première fois, les forces irakiennes enregistrent quelques succès contre Daech, qui recule : Baïji a été reprise après plusieurs mois d'affrontement ; les combats se poursuivent à Ramadi, que l'on considérait jusqu'à présent comme entièrement sous l'emprise de Daech. D'autre part, des otages ont été libérés. Un mouvement positif semble donc à l'oeuvre, qui demande à être confirmé. Les forces de la coalition continuent à bombarder pour appuyer les forces irakiennes ou kurdes.

Le gouvernement de Bagdad est apparemment traversé par des tensions, les différents groupes chiites s'opposant sur la stratégie à mener. Certains d'entre eux veulent jouer le jeu de la reconstitution de l'Irak. Le Premier ministre, Haïder Al-Abadi, renforce ses positions malgré les difficultés qu'il rencontre avec son prédécesseur, Nouri Al-Maliki. Je rappelle que le président irakien est kurde.

En Syrie, les frappes russes sont dirigées à 25 % contre Daech, notamment à Palmyre. Pour le reste, elles visent les groupes d'insurgés dans les zones où ils sont en conflit avec les forces syriennes loyales au régime de Bachar el-Assad. Il s'agit aussi bien de l'Armée syrienne libre (ASL) – la 1re brigade côtière, unité modérée encadrée par d'anciens officiers syriens, est l'une des principales cibles de ces frappes – que d'autres groupes, dont certains, tel Jabhat Al-Nosra, sont plutôt liés à Al-Qaïda. Notons que la frontière entre ces groupes est parfois poreuse.

Selon mon analyse personnelle, les Russes – qui disposent d'une trentaine de chasseurs et d'une trentaine d'hélicoptères basés à Lattaquié, ainsi que de quelques navires en Méditerranée orientale – ont sans doute pensé que leur appui aérien permettrait aux forces syriennes loyalistes de reprendre du terrain sur les groupes d'insurgés. Or, après un mois de frappes russes pourtant intenses, ce scénario ne s'est pas concrétisé : à Alep notamment, l'ASL résiste bien et les forces de Bachar el-Assad ne parviennent pas, à ce jour, à progresser. C'est peut-être ce qui explique l'accélération du processus diplomatique. D'autre part, ni l'armée syrienne loyaliste ni Daech ne semblent en mesure de déstabiliser les forces kurdes de l'YPG – Unités de protection du peuple –, qui tiennent un territoire allant de Kobané au Sinjar. D'une manière générale, la situation n'est donc pas nécessairement celle que l'on pouvait imaginer.

D'autre part, les bombardements russes provoquent des mouvements migratoires, en particulier vers la Jordanie. L'arrivée massive de réfugiés dans le nord du pays suscite une vive inquiétude de la part des autorités jordaniennes, notamment du roi, ainsi que j'ai pu le constater lors de ma récente visite à Amman. Pour une grande part, les réfugiés sont non pas installés dans des camps, mais intégrés au sein de la population. Il s'agit d'un geste d'ouverture très fort de la part des Jordaniens, mais cela peut aussi être source de complications, voire de risques majeurs.

En Libye, la situation demeure préoccupante. Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Bernardino León, qui achèvera sa mission dans quelques jours, a proposé la constitution d'un gouvernement d'unité nationale avec un premier ministre et trois vice-premiers ministres, mais ce compromis est rejeté par certains éléments tant des autorités de Tobrouk que de celles de Tripoli. Son successeur, Martin Kobler, devra reprendre le dossier. Je suis très pessimiste : tant que nous n'aboutirons pas à une solution politique, les métastases de Daech continueront à se développer, avec un soutien depuis l'Irak et la Syrie. Avec 3 000 combattants, le mouvement contrôle déjà 250 kilomètres de côtes autour de Syrte et progresse très sensiblement vers le Sud. Certains groupes s'y rallient parce qu'il leur apporte, disent-ils, une forme de sécurité. Les antagonismes et les coalitions entre les différents groupes libyens varient, de manière parfois surprenante, selon un fonctionnement clanique. Il faut tout faire pour que les deux parties principales prennent conscience du danger et dépassent leur rivalité.

Face à cette aggravation de la situation, la Tunisie est en première ligne. Je m'y suis rendu il y a quelques jours et me suis entretenu avec le Premier ministre et le ministre de la Défense. La France va apporter une aide de 20 millions d'euros à la Tunisie pour équiper et former ses forces spéciales, et contribuer ainsi à la sécurisation de ses frontières. D'autre part, nous allons travailler étroitement avec les Britanniques, qui sont très sensibilisés à la situation en Libye, pour les raisons que vous connaissez.

Le 22 juin dernier, l'Union européenne a pris la décision de mener une lutte armée contre les trafiquants de migrants en Méditerranée centrale, et lancé, à cette fin, l'opération EUNAVFOR MED Sophia. Les trafics de migrants opérés à partir de la Libye sont bien évidemment concernés au premier chef. Nous sommes très présents dans le dispositif, en partenariat notamment avec les Italiens, les Espagnols, les Allemands et les Britanniques. L'état-major de l'opération, situé à Rome, est commandé par un amiral italien, le numéro 2 est un amiral français. L'opération mobilise plusieurs navires européens, dont une frégate porte-hélicoptères française, le Courbet. Nous participons aussi aux vols de surveillance maritime.

L'opération Sophia comporte trois phases. La première, qui a consisté à collecter et échanger des renseignements, est terminée. L'opération est aujourd'hui entrée dans sa deuxième phase : nous sommes en mesure d'intercepter, dans les eaux internationales, des navires transportant des migrants, voire de faire usage de la force dans certains cas face aux passeurs. Nous avons déjà sauvé un certain nombre de vies dans ce cadre. À ce stade, nous ne pouvons pas passer à la phase 3, qui consisterait à intervenir dans les eaux territoriales libyennes, car il faut soit une décision du Conseil de sécurité des Nations unies en ce sens, soit une demande émanant d'un gouvernement libyen reconnu internationalement.

Nous avons enregistré quelques avancées lors du Conseil européen des 25 et 26 juin 2015 – même si nous aurions aimé en obtenir davantage –, dont la décision fondamentale de conduire une action préparatoire à la recherche intéressant la défense. Le budget de l'UE contribuera à des projets militaires en matière de recherche ; le financement, encore modeste puisqu'il ne dépasse pas 50 millions d'euros, soutiendra très en amont des plans qui pourront déboucher sur une production européenne. La réunion des ministres de la Défense du 17 novembre prochain sera l'occasion de renforcer cette initiative. Les premiers programmes concerneront probablement des hélicoptères dronisants, c'est-à-dire à voilure tournante, et des composants électroniques. Ce premier acte, très significatif, se déploiera dans le cadre de l'Agence européenne de défense.

Le Conseil européen de juin dernier a également abouti au lancement de l'initiative « former et équiper » – ou « train and equip » –, dont l'objectif vise, au-delà de l'accompagnement de l'EUTM, à fournir de l'équipement non létal aux forces armées formées dans le cadre des missions de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC). Il s'agira donc de procurer à ces forces des matériels de communication, de logistique et des vêtements.

Il a par ailleurs été décidé de mandater la Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité pour élaborer la stratégie globale de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), qui n'a pas été modifiée depuis 2003. En outre, nous avons avancé, lors de ce Conseil européen, sur la stratégie maritime, les menaces hybrides et la cybersécurité. Un mouvement a donc été amorcé, même s'il ne va pas aussi loin que nous le souhaitions en termes financiers.

Le rapprochement bilatéral franco-allemand a, quant à lui, beaucoup progressé au cours de ces derniers mois. Ainsi, l'Allemagne a décidé d'investir dans le programme du système multinational d'imagerie spatiale pour la surveillance, la reconnaissance et l'observation (MUSIS) comprenant les satellites de la composante spatiale optique (CSO), en contribuant à 80 % du financement du troisième satellite, les deux premiers ayant été élaborés par la France. Cette coopération comprend un accord sur l'échange d'images radars dans la constellation SAR-Lupe allemande, compétence pour laquelle il n'existe pas de programme français. En outre, nous avons trouvé un accord le 31 juillet dernier pour le projet KANT de rapprochement des industries de défense terrestre, qui reposera sur la fusion, entérinée avant la fin de l'année, du groupe français Nexter et de l'industriel allemand Krauss-Maffei Wegmann (KMW). Enfin, nous travaillons avec l'Allemagne à la constitution d'un drone européen, dossier dans lequel je me suis fortement engagé car il est essentiel de faire émerger une génération européenne pour succéder au drone MALE Reaper. L'Allemagne mène en collaboration avec la France, l'Italie et l'Espagne les études de définition et de faisabilité de cet Eurodrone. L'Allemagne est prête à assumer une part majeure du financement. Les études seront contractualisées via l'OCCAr dans le courant du premier semestre 2016. Elles devraient démarrer avec une équipe multinationale sous pilotage allemand, à Bonn.

Nous fêterons ce soir à Londres le cinquième anniversaire des accords de Lancaster House. Les relations avec le Royaume-Uni s'avèrent très pragmatiques et elles progressent puisque nous pourrons déployer dès 2016 la Force expéditionnaire interalliée et interarmées – ou combined joint expeditionary force (CJEF). En outre, nous collaborons dans la logique du projet One MBDA pour les missiles de croisière futurs et le missile anti-navire léger (ANL). Enfin, nous coopérons dans le nucléaire, en mettant en commun les installations permettant de tester la fiabilité de nos armes dans le cadre du programme « EPURE ». Ce dernier, créé par le traité de Lancaster House, est très important et se déroule normalement. Nous avons également lancé avec les Britanniques l'opération devant aboutir au drone de combat du futur (SCAF).

Il y a quelques jours, nous avons signé un contrat portant sur des hélicoptères avec le Koweït qui devrait nous permettre d'atteindre le montant de 16 milliards d'euros d'exportations dans le domaine de la défense en 2016.

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