Intervention de Stéphane Demilly

Séance en hémicycle du 17 novembre 2015 à 15h00
Manutention dans les ports maritimes — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Demilly :

La proposition de loi relative à l’économie bleue, discutée en commission du développement durable il y a quelques jours, représente un premier pas nécessaire vers le renforcement de notre politique maritime renforcée. Malheureusement, comme l’a si bien dit notre collègue Jean-Christophe Fromantin, ce texte passe à côté d’enjeux fondamentaux.

L’émergence d’une croissance bleue ne pourra se faire sans une stratégie maritime efficace et compétitive. Dois-je rappeler que notre pays possède le deuxième domaine maritime mondial, après les États-Unis ? Nous avons une ressource extraordinaire, que nous devons davantage exploiter et valoriser.

Nous espérons donc que les annonces que vous avez faites, monsieur le secrétaire d’État, le 22 octobre dernier lors du comité interministériel de la mer, le CIMER, seront suivies d’effet.

Mes chers collègues, si ce texte ne révolutionne pas la situation des dockers, ni ne réforme notre modèle portuaire, il a le mérite de lever les ambiguïtés qui pouvaient subsister quant au régime des dockers. Les récentes grèves démontrent l’importance de construire un dialogue social pérenne avec les dockers.

À la fin du XIXe siècle, la grève des dockers de Hambourg avait représenté l’un des conflits sociaux les plus importants de l’époque et avait eu des répercussions économiques désastreuses. Si nous sommes loin de connaître des conflits aussi virulents en France, le port de Marseille est régulièrement bloqué par les dockers pour des raisons diverses telles que leur statut, leur régime de travail, ou encore la nature de leur activité.

Ainsi, en 2013, ils avaient manifesté pour récupérer la manutention des bagages des croisiéristes, assurée par une compagnie privée.

Ces blocages ont des répercussions terribles sur notre compétitivité. Si nous ne voulons pas rester dans un statu quo parfois délicat, ces questions devront, un jour ou l’autre, faire l’objet d’un débat plus approfondi. Les dockers représentent un maillon indispensable de la chaîne des échanges maritimes, un maillon qu’il faudra consolider si nous voulons conserver notre compétitivité dans ce domaine.

Le texte que nous étudions aujourd’hui représente finalement un premier pas dans la voie du dialogue social, déjà engagé avec les ouvriers dockers, mais il ne saurait constituer une fin en soi. Nous devrons donc continuer le travail déjà mené sur ce sujet.

Cette proposition de loi permet, finalement, d’appréhender la fin programmée des dockers intermittents, en sécurisant le principe de priorité d’embauche des dockers, fixé par la loi de 1947.

L’affaire de Port-la-Nouvelle a montré les difficultés d’interprétation qui pouvaient exister en matière d’embauche. Ainsi, pour certains, la règle de la priorité d’embauche était liée à l’existence de dockers intermittents. Il était donc primordial de préciser le code des transports, en rappelant que l’absence d’ouvriers intermittents ne remettait pas en question l’application de la règle de priorité d’embauche.

Cette précision participera, indéniablement, à la sécurisation de l’emploi des dockers, qui sont reconnus pour leur professionnalisme et leurs compétences spécifiques. Un professionnalisme qui participe directement au rendement économique de nos ports, tout en assurant la sécurité de ces lieux, souvent très dangereux pour des personnes inexpérimentées.

Pour le groupe de l’Union des démocrates et indépendants, il est absolument impensable que des personnes dépourvues des qualifications requises pour ce métier exercent des activités aussi risquées et difficiles.

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