Intervention de Jean-Luc Redaud

Réunion du 17 novembre 2015 à 14h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Jean-Luc Redaud, président du groupe de travail « eau et climat » :

Un des mots d'ordre fondamentaux, face aux problèmes climatiques, est celui de la résilience. Nous allons vers un monde où il faut se placer dans une logique de long terme, alors que les incertitudes sont très grandes. Cela est vrai du climat en général, et de l'eau tout particulièrement. Nous devons donc imaginer des solutions réversibles. Or faire des économies d'eau est plus facile que de construire des barrages – un chantier qui s'étale sur vingt ans. C'est pourquoi des campagnes menées actuellement affirment qu'il faut commencer par la perméabilisation des territoires, qui fait appel au potentiel de la nature. La notion de résilience m'apparaît donc fondamentale.

Je suis d'accord, Madame la députée, avec vos propos sur les Intended Nationally Determined Contributions (INDC) et sur le prix du carbone, même si cette dernière mesure n'a pas fonctionné. Les financements en jeu – quelque 100 milliards d'euros – devraient être comparés aux subventions versées aux entreprises exploitant les énergies fossiles et aux utilisateurs de celles-ci, qui s'élèvent, d'après les travaux des économistes, à 400 ou 500 milliards par an. Le problème du prix du carbone a donc été mal posé. Plus généralement, la COP manque de transparence : les 100 milliards d'euros ont été annoncés à Copenhague, puis repris par les différentes conférences, sans que l'on sache à quoi cette somme correspond. S'agit-il de subventions, de prêts concessionnels ou ordinaires, d'investissements des entreprises dans les pays en développement ? Comment juger si un dossier est éligible ou non à ces nouveaux financements ? Tous les organismes financiers, y compris l'AFD, annoncent désormais que la moitié de leurs financements sont des financements « climat » ; mais l'on ne sait pas aujourd'hui qualifier correctement un dossier « climato-sympathique ». (Sourires)

Ce flou arrange les pays donateurs, pour lesquels il s'agit de dépenses, mais également certains pays récepteurs : ainsi, les pays forestiers n'ont pas forcément envie que l'on clarifie ce que signifie une gestion durable de la forêt… Mais si l'on veut progresser, il faut en sortir.

Nous sommes aujourd'hui à la fin du processus de Kyoto, et la COP de Paris signe le début d'une nouvelle phase. Lors de la COP précédente, le monde était bipolaire, divisé en pays riches – considérés comme ayant pollué la planète – et pays émergents. Aujourd'hui, chacun se rend compte que nous sommes tous solidaires et que les pays émergents rejettent désormais davantage de gaz à effet de serre que les pays développés.

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