Intervention de Alain Tourret

Séance en hémicycle du 25 novembre 2015 à 15h00
Questions au gouvernement — Situation de renault-nissan

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Tourret :

Ma question s’adresse à M. le ministre de l’économie.

Monsieur le ministre, depuis la Libération, l’État est l’actionnaire de référence de Renault. Cela est dû à l’histoire, à l’importance stratégique de Renault, à son modèle social, à son rôle dans l’équipement de nos armées.

Du fait de son alliance avec Nissan, principal partenariat entre la France et le Japon, Renault détient 43,4 % de Nissan et Nissan 15 % de Renault. Comme dans toute alliance, les choses se sont compliquées, car la France – l’État – ne veut à aucun prix se comporter, ainsi que vous l’avez dit, en actionnaire naïf et de seconde catégorie. L’État veut être, selon vous, un investisseur de long terme, par définition exigeant.

Or force est de constater que si Renault avait jadis contribué à assurer la puissance de Nissan, un autre équilibre s’est récemment créé, au profit exclusif de Nissan, aidé pour ce faire par M. Carlos Ghosn, pourtant président des deux entités.

Une telle stratégie de rééquilibrage, voulue par le président-directeur général de l’entreprise, se fera sans aucun doute au détriment de l’emploi en France, car M. Ghosn sera tenté de délocaliser des activités installées en France afin d’améliorer ses marges de rentabilité, que certains estiment plombées par la rigidité et l’atonie du marché français.

Bien plus, il se dit dans les milieux économiques que le PDG de Nissan-Renault envisagerait d’installer une holding aux Pays-Bas afin d’utiliser les largesses fiscales de ce pays. Comme on le voit, c’est l’avenir de Renault et de l’industrie automobile qui se joue.

Alors, monsieur le ministre, deux questions. Premièrement, l’État français va-t-il admettre un rééquilibrage voulu par Nissan, alors qu’au mois d’avril dernier le Gouvernement a décidé d’augmenter son actionnariat pour imposer le droit de vote double ? Deuxièmement, l’État français peut-il admettre un transfert d’activités industrielles, autrement dit une délocalisation, et la création d’une holding dans un paradis fiscal, même si celui-ci est européen ? Il y va de l’avenir de la France !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion