Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 25 novembre 2015 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'autorisation de la prolongation de l'engagement des forces aériennes au-dessus du territoire syrien

Manuel Valls, Premier ministre :

Madame la présidente, monsieur le ministre de la défense, monsieur le secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement, monsieur le secrétaire d’État chargé des affaires européennes, monsieur le secrétaire d’État chargé des anciens combattants et de la mémoire, madame la présidente de la commission de la défense nationale, mesdames et messieurs les députés, le vendredi 13 novembre, Daech – l’État islamique – a frappé la France. Cette armée terroriste s’en est pris lâchement à ce qui fait notre pays, à ce qu’il représente : sa jeunesse, sa diversité, ses lieux de vie et de culture, son art de vivre, ses principes universels qui parlent au coeur des peuples, sur tous les continents. Cent trente victimes, de vingt nationalités différentes, et des centaines de blessés.

En attaquant la France, Daech a donc, une nouvelle fois, attaqué le monde.

Face à ce totalitarisme islamiste, la France mène et mènera une guerre implacable. Daech veut nous frapper ? Nous frapperons plus fort. Nous frapperons juste car nous agissons au nom de la liberté et pour la sécurité de nos concitoyens. Et nous gagnerons ! Oui, même s’il faut du temps, même s’il peut y avoir d’autres épreuves, nous gagnerons cette guerre contre la barbarie.

Gagner cette guerre, c’est mener de front deux combats ; c’est s’attaquer – le ministre de la défense l’a rappelé dimanche – aux deux têtes de ce terrorisme.

Ici, sur notre sol, en nommant notre adversaire, l’islamisme radical, le djihadisme, les fondements du salafisme, en traquant les individus, en débusquant les cellules, en démantelant les réseaux, en cassant les filières, en mettant les terroristes hors d’état de nuire ; en déjouant aussi les projets d’attentats, comme celui qui, après Paris et Saint-Denis, visait – le procureur de la République l’a rappelé hier –, le quartier de la Défense ; en coopérant avec nos voisins, la Belgique tout particulièrement, qui est aujourd’hui en état d’alerte.

La semaine dernière, à la suite du Président de la République, j’ai exposé devant vous les mesures exceptionnelles – celles de l’état d’urgence – que nous prenons pour la sécurité de nos concitoyens. Dans ce cadre, depuis le 14 novembre, plus de 1 400 perquisitions administratives ont été ordonnées, 241 armes ont été saisies, dont une vingtaine d’armes de guerre, 272 personnes ont été assignées à résidence. Nous poursuivrons cette action sans trêve ni pause. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve l’a encore rappelé il y a un instant.

Je vous ai également annoncé les moyens supplémentaires que nous affectons à la protection de notre territoire – 120 000 policiers, gendarmes et militaire mobilisés –, les recrutements nouveaux auxquels nous allons procéder, les investissements dans l’équipement de nos forces de l’ordre, les dispositions qui vont venir renforcer notre arsenal juridique, en plus de tout ce que nous mettons en oeuvre depuis le début de l’année.

Mais le combat, nous devons avant tout le poursuivre en Irak et en Syrie, car c’est là que Daech prospère dans l’impunité de ses crimes, là qu’il faut frapper, à la racine.

Si les racines de Daech, de l’État islamique, sont en Irak, l’épicentre de son terrorisme est aujourd’hui la Syrie. Les djihadistes en contrôlent l’est et le nord, qui constituent un solide bastion. Ils y ont installé leur pseudo-capitale : Raqqa. Ils y ont bâti un régime reposant sur la terreur, le vol, la contrebande, les trafics d’armes, de drogue, mais aussi d’êtres humains.

Depuis cet épicentre, les attentats s’organisent et se planifient. Dans ces repaires, les commandos viennent se former et prendre leurs ordres. C’est de là, nous le savons, qu’ont été commanditées depuis plusieurs mois les attaques visant notre pays.

Nous avions une responsabilité, nous avions surtout un devoir : intervenir militairement en Syrie, comme nous le faisions déjà en Irak depuis septembre 2014.

C’est pourquoi, le 7 septembre, le chef de l’État a lancé l’offensive de nos forces aériennes dans le ciel syrien. Je vous avais alors informés, ici même, du cadre et des modalités de cette intervention.

Depuis, nos Rafale et nos Mirage ont multiplié les missions. D’abord pour observer, acquérir du renseignement, mieux connaître et localiser les points stratégiques de l’ennemi. C’était une étape indispensable avant d’entrer en action.

Puis nous avons frappé : des centres névralgiques, des postes de commandement, des camps d’entraînement. Nous avons détruit – les Américains et les Russes également, enfin ! – des infrastructures pétrolières, et ce faisant privé les terroristes d’une partie de leur manne financière.

Le 13 novembre a changé la donne. Une riposte à la mesure de l’agression que nous avons subie s’est imposée. Il n’y a pas d’alternative : nous devons anéantir Daech. Le Président de la République l’a dit devant le Parlement réuni en Congrès.

Depuis dix jours, nos forces aériennes ont intensifié leurs frappes ; elles ont élargi leurs cibles ; elles ont étendu le périmètre et la fréquence de leurs missions.

Nos chasseurs bombardiers ont lancé huit raids sur Raqqa. Ils ont bombardé de nouveaux sites de Daech en Irak, à Mossoul, hier encore. Ceci porte à plus de trois cents le nombre de frappes menées depuis que nos forces sont engagées au Levant.

Et notre action va prendre encore plus d’ampleur. La présence, depuis quarante-huit heures, en Méditerranée orientale, de notre porte-avions, le Charles-de-Gaulle, nous donne une force accrue pour amplifier nos opérations, aussi bien en Syrie qu’en Irak. Nos capacités sur zone ont été multipliées par trois.

Je veux rendre, ici, devant vous, une nouvelle fois, un hommage appuyé à tous nos militaires déployés au Moyen-Orient.

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