Intervention de Jean-François Copé

Séance en hémicycle du 16 janvier 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'engagement des forces francaises au mali et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-François Copé :

Je veux le dire très simplement : nous sommes troublés par les propos déplacés de certains de vos alliés électoraux verts. Ceux-ci ont utilisé des termes que nous avons trouvés, pour notre part, choquants. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Je vous le dis avec courtoisie et sincérité : vous commettriez à nos yeux une faute politique en les laissant passer sans réagir. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur quelques bancs du groupe UDI.)

Je veux dire cet après-midi notre soutien sans faille aux soldats engagés sur les théâtres d'opérations extérieures, particulièrement au Mali. Je veux leur dire la reconnaissance des Françaises et des Français. Notre peuple est fier de ces femmes et de ces hommes qui se battent au péril de leur vie pour défendre nos valeurs et nos intérêts. Leurs familles doivent savoir notre admiration et notre soutien.

Hier, lors de l'hommage national rendu au chef de bataillon Damien Boiteux, c'est le peuple tout entier qui a exprimé son respect et sa gratitude envers ce soldat exemplaire. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et UDI.)

Au nom de l'UMP, je veux également dire que nos pensées vont vers les otages détenus par ces mêmes terroristes que nous combattons et vers leurs familles, tous si durement éprouvés. Cette opération en Somalie, dont l'issue fut si malheureuse, renforce encore davantage leurs inquiétudes. Qu'ils soient assurés de notre pleine solidarité.

Monsieur le Premier ministre, nous soutenons l'intervention au Mali car elle est juste et nécessaire. C'est la sécurité de la France qui est en jeu. C'est la sécurité de l'ensemble des Français sur le territoire national comme dans le monde entier qui est directement concernée.

Comment d'ailleurs pourrions-nous laisser un État narcoterroriste s'établir par la force dans la zone sahélienne, c'est-à-dire à nos portes ? À quoi aurait servi le combat en Afghanistan, contre les Talibans, si nous acceptions qu'un régime menaçant la paix et la sécurité internationales s'établisse au Mali avec un risque évident de contagion pour la région ?

Dans les deux cas, ce sont les mêmes forces qui sont à l'oeuvre, tout aussi rétrogrades et menaçantes. Voilà pourquoi nous devons les combattre sans états d'âmes.

Nous soutenons cette intervention militaire car la France a agi, nous avez-vous dit, dans le plein respect de la légalité internationale. Je vous en donne acte. Nous la soutenons à ce jour et dans l'état actuel de nos informations, mais il est légitime qu'au nom du peuple français, le Parlement puisse poser des questions au chef de l'État et au Gouvernement sur ses modalités et ses objectifs.

Ce sont des questions que la majorité n'est sans doute pas à l'aise pour formuler et que l'opposition se doit de porter, comme l'ont fait par exemple et à plusieurs reprises mes amis Christian Jacob, Pierre Lellouche ou Bruno Le Maire, dans l'intérêt de la nation. Des questions, disons les choses, que des millions de Français se posent aujourd'hui.

Premièrement, nous devons vous interroger sur le délai de réaction de cette opération. Je vous ai écouté attentivement, mais je crois que les choses doivent être précisées. Pourquoi avoir tant tardé à agir ? Pourquoi cette opération survient-elle ces jours-ci, après tant d'attente ? Nous avons simplement besoin de comprendre, sans esprit polémique. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC. – Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

La crise malienne a débuté au mois de mars 2012. Depuis cette date, les groupes islamistes ont largement eu le temps de s'organiser et de se renforcer. Je veux croire que cette période a été mise à profit pour planifier cette opération, pour évaluer correctement les moyens nécessaires. Monsieur le Premier ministre, je veux croire que nous n'aurons pas de mauvaises surprises.

Nous nous interrogeons ensuite sur les objectifs précis de cette opération. Le Président de la République en a évoqué plusieurs, sans vraiment les hiérarchiser.

S'agit-il de prévenir en priorité une menace terroriste directe contre notre territoire ? S'agit-il de lutter contre le terrorisme international ? S'agit-il d'aider à la reconstitution de l'État malien ? Nous ne pouvons pas nous disperser. Il nous faut tirer, là encore, les leçons de l'Afghanistan.

Oui, une action militaire permet de déstructurer des organisations terroristes et de désanctuariser le territoire sur lequel elles ont trouvé refuge. Mais une action armée ne saurait se substituer à l'indispensable dialogue politique entre les autorités de transition maliennes, les groupes rebelles qui rejettent le terrorisme et les représentants de la population locale.

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