Intervention de Gérard Charasse

Séance en hémicycle du 16 janvier 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'engagement des forces francaises au mali et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGérard Charasse :

Attendre, comme on l'a suggéré avec un vocabulaire de guerre froide, que nos intérêts internes soient en jeu, cela signifiait dépasser le stade préventif pour entamer une guerre défensive dont l'Histoire nous enseigne que l'issue est d'emblée incertaine et le sera de plus en plus.

Ensuite, l'installation de ce foyer de piraterie va de pair avec des exactions inhumaines que nous ne pouvons pas laisser s'étendre à Bamako. Enfin, l'intégrité de cet État, qui a des accords avec la France, devait être recouvrée et préservée.

Les prétendus atermoiements de la majorité présidentielle sont balayés par cette intervention. Chacun peut comprendre comment, du retrait d'Afghanistan à la récente visite du Président en Algérie, cette décision a été mûrie.

On pourrait s'étonner d'un débat sur la légalité de l'opération. Dès lors qu'il s'agit de guerre, la Constitution de la Cinquième République consacre la primauté de l'exécutif, notamment celle du Président de la République. Nous sommes certes habilités par l'article 35 à délivrer l'autorisation de la déclaration de guerre. Mais il ne s'agit en fait que d'un appui des forces françaises à l'armée malienne contre le terrorisme, fût-il déterminant. Je rappelle en outre que le Parlement n'a jamais eu recours à l'article 35.

Quelles sont les questions sur lesquelles il faut se pencher aujourd'hui ? Le développement et la fin de ce conflit.

À propos de son développement, nous devons éviter de nous figer dans un taylorisme de l'opération extérieure. La France agit, les autres approuvent. Le déploiement d'une force ouest-africaine, la MISMA, conforme à la résolution 2085, qui peut s'appuyer sur l'article 51 de la charte des Nations unies, doit devenir une priorité stratégique pour nous comme pour l'Europe et toute la communauté internationale. Si celle-ci, à l'instar de l'Algérie notamment mais aussi d'autres grands pays, pouvait avoir quelques réticences à s'engager aux côtés de la France, elle devrait aussi soutenir directement les efforts engagés par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest. Je rappelle que les forces militaires engagées par la CEDEAO sont placées sous la direction du général nigérian Abdulkadir, qui parle français.

Quant à la fin du conflit, nous devons aujourd'hui travailler avec nos amis maliens à l'émergence d'un nouveau projet pour ce pays et tracer, au-delà de la ligne de front, une ligne d'espoir. C'est bien sûr dans notre force diplomatique mais aussi dans la coopération, universitaire par exemple, que nous trouverons une capacité d'innovation politique et économique propre à faire émerger un nouveau modèle qui pourrait solder définitivement ce que nous avons appelé la Françafrique et tracer une ligne nouvelle, celle que déjà traçait avec beaucoup d'avance la gauche rassemblée dans les années quatre-vingt et qui fut, hélas, interrompue depuis lors.

En saluant à nouveau l'engagement de nos militaires, le sacrifice du lieutenant Damien Boiteux dont le nom a été donné hier à deux garçons dans le nord du Mali, les victimes d'attentats odieux, en pensant aussi à mes amis du cercle de Niafunké qui ont une coopération décentralisée avec mon département de l'Allier et dont nous n'avons actuellement que peu de nouvelles, je confirme le soutien du groupe RRDP au Gouvernement et au Président de la République.

Personne n'ignore rien des sacrifices demandés mais affronter ce risque, c'est faire preuve de courage et rendre à la France et à ses armes ses attributs au service du droit des gens ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RRDP et de nombreux bancs du groupe SRC.)

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