Intervention de Patricia Adam

Séance en hémicycle du 16 janvier 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'engagement des forces francaises au mali et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatricia Adam, présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Par respect pour leur mémoire et leurs familles, je demande à chacun de faire preuve de responsabilité. C'est aussi cela qui contribue à la résilience d'un pays, dans un moment difficile où l'ensemble des forces de la Nation doivent faire corps. (Applaudissements sur l'ensemble des bancs).

Depuis mai 2012, le Gouvernement a exercé, sur cette zone du Sahel, une vigilance accrue, ce dont le ministre de la défense et le ministre des affaires étrangères ont souvent fait écho devant nos deux commissions. À la suite des interventions de certains orateurs, il me paraît utile de préciser que, sans la demande du président malien, il ne nous était pas possible d'intervenir – que n'aurions-nous entendu, d'ailleurs, si nous étions intervenus !

Il s'agit, bien sûr, de garantir l'intégrité territoriale du Mali, menacé par des bandes armées dont l'objectif final est l'instauration d'un régime totalitaire. Évitons d'emblée les faux débats et le soupçon de néocolonialisme : ce qui ne serait pas admissible dans un pays d'Europe ne l'est pas non plus en Afrique et c'est l'honneur de la France de se préoccuper de ce qui affecte la vie des populations amies, y compris en Afrique.

Le livre blanc en cours de rédaction le rappellera et ce n'est pas trahir un secret que de le dire ici : l'Afrique est, pour la France comme pour l'Europe, un continent stratégique. En cela, le prochain livre blanc rompra avec les ambiguïtés, voire les erreurs du livre blanc de 2008, qui bornait son horizon à d'autres zones du monde, souvent plus riches. Quelle serait aujourd'hui la situation au Mali si certaines recommandations faites il y a cinq ans avaient été pleinement suivies d'effet ? Je pense notamment à la réduction drastique du dispositif français prépositionné. Seul ce dispositif permet aujourd'hui à notre pays de porter aide et assistance là où d'autres ne peuvent ou ne veulent aller. Il faut donc le préserver car, si la France a trop profité de l'Afrique, désormais l'Afrique attend beaucoup de la France. Nous le lui devons, ne serait-ce qu'en souvenir de ses contributions à la libération de notre pays il y a soixante-dix ans.

Je veux saluer ici le travail déjà accompli par nos forces, avec une pensée toute particulière pour le chef de bataillon Boiteux. Les dispositifs d'alerte Guépard et Rapace ont parfaitement fonctionné et la montée en puissance se passe remarquablement. Notre pays est en train de projeter un matériel qui revient tout juste d'Afghanistan, comme l'hélicoptère Tigre. Nos militaires sont aguerris et passent sans état d'âme d'un théâtre d'opérations à l'autre.

Pour autant, c'est bien une situation opérationnelle nouvelle. Elle nous met face à des responsabilités collectives parfois héritées de longue date. Nombre de matériels que nous mettons en ligne auraient mérité d'être remplacés il y a longtemps. Nous avons dû faire appel à des pays amis pour combler certaines lacunes capacitaires, et je les en remercie. En tant que présidente de la commission de la défense, je rappellerai donc un principe fondamental, qui a pu être oublié par le passé : pour exercer l'emploi de la force militaire, il faut des hommes et des matériels – la discussion sur la loi de programmation militaire nous permettra d'y revenir dans quelques mois. Je veux rappeler à M. Morin qu'il nous manquera cinq milliards d'euros pour mener à son terme, c'est-à-dire fin 2013, sa loi de programmation militaire : tel est l'héritage qui nous a été laissé. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe SRC – Protestations sur les bancs des groupes UDI et UMP.)

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