Intervention de Jean-Yves le Drian

Séance en hémicycle du 16 janvier 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'engagement des forces francaises au mali et débat sur cette déclaration

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je veux seulement dire quelques mots avant que le Premier ministre ne conclue ce débat indispensable et souhaité.

En qualité de ministre de la défense, je voudrais d'abord exprimer la gratitude de la communauté militaire de notre pays pour les propos de soutien et de reconnaissance qui ont été exprimés par l'ensemble des intervenants au cours de ce débat. Vous avez, les uns et les autres, souligné le professionnalisme, le courage, la détermination de nos forces armées, durement éprouvées dès les premières heures de l'intervention par le sacrifice du chef de bataillon Damien Boiteux, mort pour la France dans des conditions héroïques.

Je veux aussi me réjouir du soutien unanime qui s'est manifesté cet après-midi. C'est la grandeur de la représentation nationale que de savoir se rassembler, par-delà les opinions politiques, lorsque la gravité de la situation l'exige. En retour, comme cela a également été dit, cela donne aux forces armées et au Gouvernement – en particulier au ministre de la défense –, dans la conduite de cette intervention, des devoirs, notamment de transparence, dans les seules limites de ce qui pourrait compromettre l'intervention de nos forces et la sécurité de nos soldats. C'est ce à quoi je m'emploierai, et je suis disposé, mesdames les présidentes, à venir devant vos commissions respectives, comme je l'ai déjà fait devant les commissions du Sénat.

Je ne reviendrai pas sur les raisons de notre intervention, sur l'obligation politique et morale dans laquelle nous étions de mobiliser nos forces comme le dernier rempart de l'État malien, sans parler des risques considérables que nous aurions courus si la volonté des groupes djihadistes de constituer un sanctuaire terroriste avait pu aboutir.

À la suite de plusieurs interventions, je veux dire à quel point j'ai été surpris, depuis que j'ai pris mes fonctions, par la sous-estimation, parmi mes nombreux interlocuteurs internationaux, mais aussi au sein de l'opinion publique française, de ce qui était en train de se préparer au Mali. Il a fallu que ce soit la France qui prenne l'initiative de la mobilisation de l'information sur ce sujet. Il a fallu que, fin septembre dernier, le Président de la République alerte, à la tribune de l'assemblée générale des Nations unies, l'opinion publique sur les risques courus. Enfin, il a fallu que le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, prenne les initiatives nécessaires pour aboutir à la résolution 2085, sur laquelle nous nous appuyons, prise sur proposition de la France, à l'unanimité du Conseil de sécurité. Je rappelle que cette résolution initiée par la France a été validée le 20 décembre dernier : il a fallu trois mois pour convaincre de l'importance du danger qui se profilait ! Il a fallu que moi-même, je prenne l'initiative de mobiliser les ministres de la défense de l'Union européenne pour les sensibiliser au danger qui se présentait, alors qu'il était jusqu'à présent sous-estimé, ce qui a abouti, à la fin du mois de décembre, à la décision de l'Union européenne de mettre en place une mission de formation et d'assistance aux forces maliennes en difficulté.

Oui, il a fallu mobiliser pour faire avancer les choses et parvenir à la situation actuelle, parce que l'opinion internationale avait sous-estimé ce risque.

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