Intervention de Isabelle Le Callennec

Séance en hémicycle du 9 décembre 2015 à 15h00
Expérimentation territoriale visant à faire disparaître le chômage de longue durée — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Le Callennec :

Monsieur le président, madame la ministre, madame la présidente de la commission, monsieur le rapporteur, monsieur le rapporteur pour avis, mes chers collègues, l’examen de cette proposition de loi intervient quelques jours après l’annonce d’une nouvelle forte hausse du chômage : 42 000 chômeurs de plus le mois dernier en catégorie A.

Je sais que vous n’aimez pas que nous vous rappelions votre bilan en la matière. Pourtant, il est bien réel et participe certainement du résultat du premier tour des élections régionales. Le Président de la République avait annoncé l’inversion de la courbe du chômage. C’est l’inverse et le ressentiment des Français a trouvé sa traduction dans les urnes.

La France compte aujourd’hui 3,8 millions de chômeurs en catégorie A et 5,7 millions si l’on additionne les catégories A, B et C. Depuis l’arrivée aux affaires de M. Hollande, ce sont plus d’1 million de chômeurs de plus. Toutes les régions sont touchées. C’est ainsi que la mienne, la Bretagne, compte 160 000 chômeurs en catégorie A – en hausse de 4 % en un an – et 266 000 dans les catégories A, B et C – en augmentation de 6 % en un an. Il s’agit non pas de simples données statistiques mais d’hommes et de femmes que l’impuissance publique désespère et qui ne supportent plus le décalage entre les discours, les actes et les résultats.

S’agissant des chômeurs de longue durée, la situation ne fait que s’aggraver : 10 % de plus en un an en France métropolitaine. Ils sont près d’1,5 million inscrits à Pôle emploi depuis plus d’un an en catégorie A et 1 million de plus si l’on considère les catégories A, B et C. Dans ma région, ils sont 62 000 de plus en un an en catégorie A et 117 000 toutes catégories confondues.

Depuis plus de trois ans, notre groupe tente de vous faire changer de cap, de vous faire comprendre aussi que ce sont d’abord les entreprises qui créent l’emploi, notamment les PME, et de vous faire admettre, enfin, que les entrepreneurs souffrent d’un niveau de charges sociales qui nuit à leur compétitivité et d’un droit du travail qui les freine dans leurs embauches. La hausse sans précédent des impôts et des taxes pesant sur les entreprises et les ménages a donné un coup d’arrêt brutal à une croissance déjà timide, alors que nos principaux partenaires européens en reprenaient le chemin.

L’échec est patent : la combinaison du CICE, du recours massif aux contrats aidés ou encore des quatre lois de votre gouvernement – loi relative à la sécurisation de l’emploi, loi relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale, loi relative à l’économie sociale et solidaire, loi relative au dialogue social et à l’emploi – n’ont pas permis de résorber le chômage.

Toutes les propositions du groupe Les Républicains, que ce soit sous la forme d’amendements à vos textes ou de propositions de loi, je dis bien toutes, ont été rejetées, et parfois sans même être discutées. Elles ont pourtant comme seul objectif de rapprocher l’offre et la demande d’emploi dans notre pays, d’offrir de la flexisécurité à la française et de favoriser la mobilité professionnelle et géographique dans un monde du travail en profonde mutation.

Ce sont là les conditions sine qua non à réunir pour espérer le recul durable du chômage, et donc du chômage de longue durée, un chômage de longue durée que cette proposition de loi vise à faire disparaître – « une utopie réaliste » pour reprendre votre propos de cet après-midi –, en expérimentant pendant cinq ans et en proposant des emplois, qui seraient aujourd’hui non couverts, à des « personnes durablement privées d’emploi », sur dix territoires expérimentaux. Les personnes seraient recrutées en CDI, par des entreprises de l’économie sociale et solidaire.

Nous pouvons partager l’objectif mais nous aurions préféré que vous vous attaquiez aux causes au lieu de réparer les effets de choix politiques qui n’ont jusqu’à présent pas permis de satisfaire les 300 000 offres d’emploi non pourvues dans notre pays. Si vous ne niez pas cette réalité, madame la ministre, c’est déjà très encourageant. Mais vous ne nous avez toujours pas dit comment vous alliez y remédier,…

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