Intervention de Myriam El Khomri

Séance en hémicycle du 9 décembre 2015 à 15h00
Expérimentation territoriale visant à faire disparaître le chômage de longue durée — Discussion générale

Myriam El Khomri, ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social :

Monsieur Tian, il y a eu près de 783 000 demandeurs d’emploi en plus durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Soyons donc réalistes et regardons les choses : il n’y a pas de recette miracle dans ce domaine.

Il faut mettre toutes les chances et tous les outils de notre côté pour pouvoir innover aussi en la matière. La politique de contrats aidés existe, bien sûr, mais elle est utile. Vous savez bien, en effet, que les 200 000 emplois d’avenir dont bénéficient des jeunes sont ciblés – 30 % sont destinés aux jeunes des quartiers populaires. À Marseille, vous voyez bien quelle est la réalité : ce sont ces jeunes qui subissent le plus les discriminations. Quand nous ciblons les contrats d’accompagnement dans l’emploi – CAE –, dans le secteur non marchand, en direction des travailleurs handicapés et des seniors, nous savons bien que, sans ces contrats, ces personnes ne seraient pas en emploi. Voilà la réalité.

Quant à la garantie jeunes, que vous m’avez invité à évoquer, même si la question est tout à fait hors sujet, elle marche partout en France. Elle a été expérimentée et développée dans 72 territoires, et sera généralisée à partir de l’an prochain. Trente mille jeunes en bénéficient et notre objectif est d’atteindre 95 % de jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en apprentissage – NEET, Neither in employment nor in education or training. C’est un très beau dispositif.

Les difficultés que peuvent rencontrer les missions locales ne sont pas liées à la garantie jeunes, mais plutôt, parfois, à des questions de trésorerie liées à des dossiers du Fonds sociale européen – FSE. Je vous assure que la garantie jeunes vise précisément les jeunes des territoires les plus en difficulté et que c’est un très beau dispositif. Du reste, elle donne de bons résultats – elle fonctionne bien à Avignon ; peut-être y a-t-il une difficulté à Marseille, mais nous allons l’examiner. Nous avons d’ailleurs observé aussi à propos de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine – ANRU – des difficultés spécifiques à Marseille, malheureusement. Il convient donc de mieux travailler dans ce cadre.

Il faut bien évidemment s’attaquer aux causes. Le pacte de responsabilité vise à ce que les entreprises retrouvent de l’oxygène et des marges, mais elles ont pris des engagements sur l’emploi et sur l’apprentissage. Je vais en Allemagne voir ce que font les entreprises en matière d’apprentissage, mais les entreprises françaises ont pris des engagements dans le cadre du pacte de responsabilité et il faut qu’elles les tiennent.

À côté de cela, de nombreux dispositifs existent aussi pour répondre à la problématique du chômage des personnes peu qualifiées, notamment les 150 000 formations prioritaires. Le fait de cibler les emplois non pourvus vise précisément à pouvoir assurer une requalification, car nous avons en France un chômage de personnes peu qualifiées.

De fait, la situation de la France n’est pas celle de l’Allemagne : on compte chaque année en France 700 000 départs en retraite et 850 000 entrées sur le marché du travail, tandis que, s’il y a aussi en Allemagne 700 000 départs en retraite en moyenne par an, on n’y compte que 660 000 entrées sur le marché du travail.

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