Intervention de Emmanuel Macron

Réunion du 8 décembre 2015 à 17h00
Commission des affaires économiques

Emmanuel Macron, ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique :

Permettez-moi de reprendre le fil de vos questions en commençant par le nucléaire. La sortie d'EDF du CAC 40, monsieur Baupin, ne doit pas être vécue comme un traumatisme en soi : les critères d'appartenance au CAC 40 portent sur le volume de flottant et les liquidités. Or, seule une faible partie d'EDF est cotée, ce qui lui est mécaniquement défavorable. Elle est d'ailleurs remplacée par Klépierre, qui dispose d'un flottant important. Cette sortie est donc liée pour partie aux difficultés que rencontrent les entreprises du secteur de l'énergie partout en Europe, mais aussi au faible volume de la capitalisation boursière d'EDF et, plus généralement, à sa structure actionnariale. N'y voyez donc aucune perte de statut qui serait de nature à inquiéter les salariés.

Je le répète : toutes les entreprises du secteur sont en difficulté. M. Baupin a cité l'entreprise RWE et je m'en étonne : s'il n'y avait qu'un contre-exemple en matière sociale, ce serait celui-ci ! En effet, le Gouvernement allemand a pris la décision non préparée d'abandonner brutalement le nucléaire sans solution alternative, ce qui s'est traduit par une augmentation immédiate des émissions de dioxyde de carbone, avant qu'elles ne baissent de nouveau après que l'Allemagne a massivement subventionné les énergies renouvelables. Quoi qu'il en soit, toutes les entreprises du secteur ont beaucoup souffert depuis 2012 des suites de Fukushima, de la baisse du prix du pétrole, du développement massif du gaz de schiste aux États-Unis et de toutes les autres circonstances géopolitiques et macroéconomiques qui ont profondément perturbé toutes les composantes de notre mix énergétique. La question d'EDF ne se limite donc pas à sa sortie du CAC 40.

Vous avez également abordé la question de sa politique d'investissement. EDF est au coeur d'une mutation qu'elle doit effectuer en tant qu'opérateur principal de la transition énergétique. Elle doit y parvenir en préservant la crédibilité et la force de la filière nucléaire, qui demeure une filière d'avenir parce qu'elle est au coeur du modèle productif français, parce que des marchés considérables – la Chine et la Russie, entre autres, mais aussi la Pologne, l'Afrique du Sud et certains pays du Golfe – vont s'équiper en centrales, et parce que nous aurons à renouveler des centrales si leur exploitation n'est pas prolongée. Parallèlement, EDF doit développer une offre d'énergies renouvelables. L'un ne doit toutefois pas se faire sans l'autre. En tant que ministre de l'industrie, je ne défendrai pas une stratégie consistant à demander à EDF de désinvestir massivement dans la filière nucléaire au profit des énergies renouvelables ; elle doit faire les deux à la fois de manière raisonnée – et l'État actionnaire a d'ores et déjà indiqué qu'il était prêt à faire des efforts en prélevant un dividende en titres et non pas en numéraire, pour aider l'entreprise à accomplir sa transition. Elle doit faire les deux car le parc nucléaire existe, doit continuer à produire de l'électricité et préserver ses services embarqués. C'est un acteur qui emploie et qui dispose d'une excellence technologique et industrielle à entretenir.

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