Intervention de Laure de La Raudière

Séance en hémicycle du 17 janvier 2013 à 15h00
Tarification progressive de l'énergie — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaure de La Raudière :

Merci de l'avoir fait, mais il faudra quand même répondre à mes questions sur les précédents !

Dois-je vous rappeler la réglementation actuelle des éoliennes, madame la ministre ? Elle est issue d'un vaste processus de concertation, mené parallèlement au Grenelle de l'environnement par Patrick Ollier et Franck Reynier. Cette concertation a permis d'aboutir à un consensus afin de concilier le développement des énergies renouvelables avec la protection des paysages et la considération des riverains.

Vous avez balayé toute cette concertation d'un revers de la main, par des amendements adoptés dans la nuit en séance publique, amendements qui n'avaient fait l'objet d'aucun débat préalable en commission, d'aucune concertation avec les acteurs. On se demande à quoi sert ce grand débat sur la transition énergétique ! Le coeur de votre débat, ce sera les énergies renouvelables ; pourquoi ne voulez-vous pas confronter vos positions avec celles des citoyens ?

Et puis laissez-moi vous dire ce que je n'entends que trop rarement ici concernant l'éolien. L'objectif du Grenelle de l'environnement est de faire passer la part de l'énergie éolienne de 2,2 à 6 % en 2020, et nous sommes sur cette trajectoire. Dans les faits, il s'agit de quadrupler le nombre des éoliennes en France : 15 000 sur terre et 1 200 le long des côtes. N'oublions pas que cela représente tout de même une facture d'environ 50 milliards d'euros, financée directement par les ménages et, si j'ai bien compris, après différents travaux que nous avons eus sur le sujet, par EDF à hauteur de 5 milliards d'euros. Avec la volonté du Gouvernement d'arrêter près du tiers des centrales nucléaires à l'horizon 2020 – c'était dans votre programme électoral –, il faudra nécessairement réviser le nombre d'éoliennes. On parle aujourd'hui – pouvez-vous le confirmer ? – d'environ 40 000 éoliennes. Cela représenterait 150 milliards d'euros à la charge des Français.

Ce choix est donc discutable d'un point de vue économique, bien sûr, mais également sur le plan écologique. Nos amis allemands ont réduit la part du nucléaire, augmenté celle de l'éolien en dépassant la France et construit vingt-trois centrales au charbon. Quel bénéfice écologique y a-t-il à construire des centrales au charbon, installer des éoliennes et éteindre les centrales nucléaires ? Il faudra me l'expliquer… Pourquoi ne jamais en parler ? D'autant que l'électricité ne représente que 22 % de l'énergie totale consommée par les Français.

Très concrètement, si nous voulons optimiser notre facture énergétique et réduire les impacts sur l'environnement, je partage l'analyse du rapporteur : il y a beaucoup plus à gagner en optimisant la consommation des ménages et en lissant les pics de consommation, qu'en saccageant les paysages français avec des éoliennes.

À ce propos, deux élèves ingénieurs de l'école des Mines, Aurélien Gay et Marc Glita, dont on peut prétendre qu'ils ne sont soumis à aucun lobby, ont mené une étude particulièrement intéressante sur les coûts du binôme photovoltaïque et éolien, en se focalisant sur l'impact du développement de ces énergies renouvelables sur le renforcement nécessaire du seul réseau de lignes à très haute tension.

On y trouve le constat suivant : lorsque les énergies intermittentes, dont font partie l'éolien et le photovoltaïque, représenteront une part significative du parc de production, la gestion des fluctuations de l'offre et de la demande d'électricité demandera des capacités d'effacement, d'appoint et de secours équivalentes à plusieurs dizaines de centrales nucléaires.

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