Intervention de Denis Baupin

Séance en hémicycle du 17 janvier 2013 à 9h30
Adhésion de la croatie à l'union européenne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mesdames les présidentes des commissions, monsieur le rapporteur, monsieur le président du Sabor, monsieur l'ambassadeur de Croatie, je ne vous cacherai pas mon enthousiasme pour la décision que nous nous apprêtons à prendre.

Vous le savez : notre famille politique est profondément européenne. Cela ne signifie pas que nous soyons des béni-oui-oui de tout ce qui se fait au nom de l'Europe, mais quand l'Europe progresse, quand l'Europe permet à de nouveaux peuples d'accéder à de nouveaux droits, et plus encore, quand elle contribue à construire la paix, alors oui, sans ambiguïté, nous nous réjouissons et nous approuvons avec détermination. Car le projet européen, c'est avant tout la paix, et, en cette période grave, c'est d'abord le message sur lequel je veux insister.

À quelques jours de la célébration du cinquantième anniversaire du traité de l'Élysée, nous sommes bien placés, nous Français, pour savoir combien le projet européen a permis non seulement de cicatriser les plaies douloureuses de conflits dévastateurs avec nos voisins allemands, mais plus encore de construire un avenir commun pacifié, partagé et ambitieux.

Avec l'arrivée de la Croatie comme vingt-huitième pays de l'Union Européenne, nous poursuivons sur la même voie. Nous avons tous rappelé l'atroce guerre qui a déchiré l'ex-Yougoslavie il y a vingt ans, les villes martyres, les massacres, l'épuration ethnique, les tentatives génocidaires ; pendant cette période, nous avions l'impression d'un cauchemar qui recommençait, comme un éternel recommencement de déchirement des États entre eux. Malheureusement, il faut le reconnaître, à ce moment-là, l'Union européenne n'avait pas su empêcher le pire. Nous n'en sommes plus là aujourd'hui : au contraire, avec l'entrée de la Croatie dans l'Union, par les perspectives ouvertes avec les pays des Balkans, avec ce que notre rapporteur a appelé une sixième vague d'élargissement de l'Union, nous montrons que non seulement les cicatrices de la guerre d'ex-Yougoslavie se referment, mais que la construction d'un projet commun pour la région trouve toute sa logique, toute sa plénitude et toute son ambition positive dans l'intégration européenne. Quand la construction européenne permet cela, oui, elle est digne de son prix Nobel de la paix, elle nous rend fiers de participer à un projet qui nous dépasse.

La deuxième raison pour laquelle nous nous réjouissons du vote de ce jour, c'est qu'avec l'élargissement de l'Europe ce sont des droits nouveaux et des valeurs qui sont renforcées, dans toujours plus de territoires, pour toujours plus de peuples. L'Union européenne est fondée sur les valeurs du respect de la dignité humaine, de la liberté, de la démocratie, de l'égalité de tous les citoyens en droits et en devoirs, sur les valeurs du respect de l'État de droit ainsi que du respect des droits de l'homme. Grâce à cet élargissement, aux discussions menées avec la Croatie et surtout grâce à la volonté des Croates, ces valeurs sont aujourd'hui en plein progrès. Qu'il s'agisse du fonctionnement de la justice, de son indépendance, de la lutte contre la corruption, qu'il s'agisse de la place des minorités – et on sait combien cette question est cruciale dans les Balkans –, de la question des réfugiés et déplacés, qu'il s'agisse du fonctionnement démocratique de la Croatie et de ses relations apaisées avec ses voisins, les efforts menés par les Croates ont été soulignés par tous. Je partage la conviction que vous avez exprimée, monsieur le ministre : l'adhésion à l'Union européenne a indéniablement été un moteur de cette évolution. Là encore, c'est une fierté pour nous que le projet européen soit aussi fécond. Quand l'Europe permet ainsi de faire progresser les libertés fondamentales et la démocratie, elle joue son meilleur rôle, celui qui nous fait nous sentir profondément européens. La volonté de la Croatie d'entrer dans l'espace Schengen montre que cette dynamique se poursuit. Ce sera une étape de plus, d'autant plus importante si on prend en compte la question de la lutte contre le trafic d'êtres humains.

Je voudrais saisir cette occasion, monsieur le ministre, mes chers collègues, pour vous dire que, profondément européens, nous n'opposons pas, nous, élargissement et approfondissement. Nous voulons une Europe qui s'élargisse aux pays qui ont vocation à la rejoindre, mais nous voulons tout autant que le projet européen continue d'être construit, renforcé, d'être rendu désirable par nos concitoyens. En effet, nous le sentons tous avec la crise : les risques de replis nationaux ne sont jamais loin, surtout quand l'Europe apparaît, à tort et parfois à raison, comme l'instrument qui contribuerait à la fragilisation de la protection des personnes. Trop souvent il est vrai, les messages qui sont émis donnent le sentiment que la libre circulation des capitaux et des marchandises passe avant toute autre préoccupation. Non seulement les impacts sociaux et écologiques d'une telle orientation se font lourdement sentir, mais celle-ci ne peut constituer une perspective enthousiasmante pour les peuples.

Nous avons besoin de la construction d'une Europe sociale pour protéger nos concitoyens, élargir leurs droits, faire que le modèle social européen ne soit pas qu'un concept mais une réalité.

Nous avons besoin de la construction d'une Europe écologique, qui prenne toute sa place dans la transition énergétique, la lutte contre le dérèglement climatique et les pollutions.

Nous avons besoin d'une Europe citoyenne, plus démocratique, plus transparente, une Europe fédérale qui dépasse les États-nations.

Nous avons aussi besoin, on le voit tout particulièrement actuellement au Mali,…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion