Intervention de Jacques Myard

Séance en hémicycle du 17 janvier 2013 à 9h30
Adhésion de la croatie à l'union européenne — Article unique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

En matière d'Europe de la défense, il faut arrêter de se bercer d'illusions. Il est bien clair que l'Europe de la défense, c'est d'abord notre propre effort de défense et que le reste ne viendra que se coaguler sur les initiatives que nous prenons. Il faut arrêter de rêver car l'Europe de la défense est une idée d'avenir qui va le rester longtemps.

Nous sommes maintenant à vingt-huit États. Dont acte. Je salue bien sûr l'entrée de la Croatie. Il est tout à fait logique d'associer l'ensemble des États de l'Europe dans une coopération étroite. Il faut néanmoins regarder la réalité en face : nous n'échapperons pas à la nécessité de repenser cette construction européenne qui s'épuise aujourd'hui. Le quantitatif pose bien sûr un problème qualitatif. Une remise à plat s'impose. On voit bien que la machine est grippée, ce n'est rien de le dire. Elle est même totalement grippée : les décisions ne tombent pas, les affrontements deviennent de plus en plus durs entre les États, et quand vous nous parlez de la zone euro, reconnaissez que c'est devenu une machine infernale qui attise les différends entre les Européens. L'Europe s'est élargie, il faut maintenant qu'elle s'amaigrisse pour rester svelte, performante, car elle va mourir d'apoplexie du fait de son poids. On ne peut pas continuer à tout concentrer à Bruxelles.

Une étude allemande corroborait, voici quelques mois, ce que je viens de vous dire : 80, voire 85 % de nos lois sont prises à Bruxelles. C'est dire que ce Parlement, et tous les Parlements européens avec lui, deviennent des théâtres d'ombre. Il est temps de réinventer la subsidiarité pour, justement, justifier la coopération européenne.

L'Europe doit s'en tenir à l'essentiel : le marché intérieur, bien sûr, qui est le succès même de l'Europe. Je l'ai répété à plusieurs reprises à Jacques Delors, qui était d'accord avec moi, car il ne croit pas à l'Europe puissance ; il a dit très justement que c'était là une idéologie du quai d'Orsay, qui ne regarde pas les réalités en face.

Marché intérieur avec quelques règles, mais sans vouloir tout harmoniser. Il faut savoir arrêter, à un moment, ce prurit harmonisateur qui justifie les gnomes de Bruxelles. Politique de concurrence, oui, mais avec une politique industrielle qui fait défaut, tant au niveau français qu'européen. Politique commerciale, mais avec la réciprocité. Politique environnementale, mais avec quelques règles. Et bien sûr, des coopérations à la carte.

À défaut, si cette Europe ne se refonde pas, elle implosera et vous serez responsables de la désillusion de tous les peuples européens.

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