Intervention de Bernard Cazeneuve

Séance en hémicycle du 26 janvier 2016 à 15h00
Droit des étrangers — Motion de rejet préalable

Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur :

Je m’efforcerai de répondre avec précision aux préoccupations exprimées par M. Larrivé, non sans me demander pour quelle étrange raison aucune des mesures qu’il vient d’énumérer n’a été mise en oeuvre au lendemain des printemps arabes, alors qu’une crise migratoire annonçait déjà celle que nous connaissons.

Je m’appuierai sur des exemples concrets. En 2010 et 2011, le nombre d’arrivées migratoires a fortement augmenté à Lampedusa ; à telle enseigne que mon anté-prédecesseur, Claude Guéant, avait décidé, après s’être rendu sur place, de bloquer les trains en provenance d’Italie : à ses yeux, les règles européennes pouvaient être suspendues unilatéralement par la France, tant ces flux étaient préoccupants.

Ont suivi, entre 2011 et l’élection présidentielle, quelques mois utiles – puisque, comme vous l’avez dit, chaque mois est utile lorsqu’il s’agit de faire face aux urgences. Quelles initiatives européennes ont alors été prises ? Le Président de la République, déjà en campagne, a couru de tribune en tribune pour défendre la cause d’un Schengen 2, sans que nous puissions en saisir le contenu.

Malgré la longueur de votre exposé, vous vous êtes bien gardé d’expliciter l’ordre juridique et politique qu’il faudrait substituer à Schengen si, comme vous le proposez, on le remet en cause. Bref, vous entendez remettre en cause Schengen, mais on ne sait ce que vous proposez à la place. C’est pour le moins gênant car, dans une situation de désordre – ou de « chaos », pour vous citer –, supprimer ce qui existe sans préciser ce qui doit lui succéder, cela s’appelle ajouter du désordre au désordre – ou du chaos au chaos.

Je ne me souviens pas qu’à l’époque où vos amis étaient en situation de responsabilité, il y ait eu, concernant la réforme de Schengen, la moindre proposition concrète qui aurait permis d’améliorer l’ordre des choses.

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