Intervention de Didier François

Réunion du 13 janvier 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Didier François, journaliste :

Je ne pense pas que Daech ait aujourd'hui la capacité de contrôler les flux migratoires. Je n'en dirais en revanche pas autant des Turcs.

Pour terminer enfin avec Gilles Kepel, son analyse est intéressante au sens où Daech est actuellement traversé de tensions fortes entre les djihadistes étrangers et les forces locales. J'en ai moi-même eu la preuve lors de ma détention : lorsque Medhi Nemmouche a voulu me faire la peau, ce sont les gardes syriens et irakiens qui m'ont protégé. Les étrangers sont traités par une cellule particulière dirigée par Abou Mohammed al-Adnani, à la fois chef des opérations extérieures et chef de la propagande. C'est cette nébuleuse qui a progressivement remplacé Al-Qaïda dans la péninsule arabique mettant en place des structures, des méthodes de propagande – Dabiq, c'est Inspire en mieux – plus élaborées et plus dangereuses.

Par ailleurs, Daech, entendait à l'origine privilégier la consolidation territoriale de l'État islamique sur la confrontation directe avec les Occidentaux. Acculée militairement depuis octobre 2014, l'organisation a franchi une étape. Mais, en déplaçant ainsi le centre de gravité de son action, elle attise sur son terrain les tensions entre les tribus irakiennes, ce qui peut compromettre son projet politique. C'est le sens de ce que dit Gilles Kepel. Il y a peut-être là une faille qu'il nous faut examiner de près pour la mettre à profit.

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