Intervention de Gilbert Le Bris

Réunion du 3 février 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilbert Le Bris, rapporteur :

Monsieur Bays, concernant l'européanisation de l'OTAN, il faut rappeler que lorsque le président Nicolas Sarkozy a demandé la réintégration dans le commandement militaire intégré, c'était aussi avec l'objectif que l'Europe de la défense prenne une certaine dimension. Force est de constater que, depuis, celle-ci n'a pas beaucoup évolué car certains États membres de l'Union européenne ne sont pas très pushy comme on dit en anglais ! Je pense en particulier au Royaume-Uni qui n'est pas très allant en ce domaine. Il faut penser la relation OTAN-UE non pas en termes de substitution mais en termes de complémentarité. C'est une complémentarité qu'il faut envisager, et c'est le point de vue de l'ensemble des pays concernés. Nous plaidons pour qu'il y ait effectivement un véritable pilier européen de l'OTAN, via l'Europe de la défense. C'est essentiel, mais la balle est dans le camp des Européens : c'est à eux de mettre en place les moyens nécessaires pour compter dans cette alliance atlantique. Ils commencent à le faire ; au sommet de Newport, des objectifs précis en termes de capacités ont été déterminés : 2 % du produit intérieur brut dont 20 % consacrés à l'innovation, l'investissement et la recherche. Les Européens commencent à les remplir. L'intégration à l'OTAN comporte de nombreux aspects positifs tels que l'interarmisation ou la capacité à travailler en commun. Mais au-delà de l'OTAN, de telles évolutions doivent également être portées par l'Union européenne. À cet égard, la réorientation américaine vers l'Asie doit constituer une incitation forte pour les Européens et les obliger à se prendre en charge eux-mêmes.

Monsieur Candelier, je vous rejoins dans votre hommage au général de Gaulle qui a souvent fait preuve de grande clairvoyance. Toutefois, et vous le savez, je ne partage absolument pas votre vision de l'OTAN : il ne s'agit pas d'une vassalisation de l'Europe. Lorsque l'on s'intéresse à ce sujet, il est d'ailleurs remarquable de noter que, vue des États-Unis, l'OTAN c'est l'Europe ! Inversement, vue de l'Europe, l'OTAN ce sont les États-Unis ! Il est vrai que les Européens regardent souvent les Américains qui, quant à eux, regardent le monde entier. Il faudrait peut-être que nous nous regardions un peu plus nous-mêmes. Les Américains, qui n'ont pas été demandeurs de l'OTAN à l'origine, ont joué leur rôle. Malheureusement, beaucoup de pays européens ont profité de l'OTAN pour devenir les « passagers clandestins » de la défense – je pense notamment aux derniers pays à avoir rejoint l'Alliance. À partir du moment où ils sont entrés dans l'OTAN, ces pays ont diminué leurs dépenses de défense et s'en s'ont remis aux États-Unis pour assurer leur protection, ce qui est absolument aberrant dans le monde que l'on connaît. C'est en train de changer, je l'ai rappelé. Mais, surtout, il faut en finir avec cette idée selon laquelle « OTAN égale États-Unis ». Nous l'avons vraiment ressenti avec Philippe Vitel : d'une part, les Américains ne sont pas dans cette logique-là ; d'autre part, les Européens réalisent que l'OTAN c'est aussi l'Europe, et qu'ils doivent y contribuer.

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