Intervention de Noël Mamère

Réunion du 11 février 2016 à 9h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Les écologistes étant de fervents défenseurs de la diversité, je ne suis pas en mesure de vous dire ce que votera le groupe écologiste lorsque nous serons appelés à nous prononcer sur la prorogation demandée. Je sais en tout cas que les trois d'entre nous qui avaient déjà voté contre la première prolongation de trois mois de l'état d'urgence réitéreront bien évidemment ce vote. Quant aux trois députés écologistes présents en commission ce matin, ils ne sont pas forcément du même avis.

De là où vous êtes, il est facile, monsieur le ministre, d'accuser ceux qui s'opposent à l'état d'urgence pour un certain nombre de raisons — des raisons de principe et des raisons philosophiques, autant que des raisons politiques — de manquer de rigueur intellectuelle, et ce n'est pas très courtois. Nous pourrions d'ailleurs vous retourner le compliment, ainsi qu'au Gouvernement dont vous êtes membre et au Premier ministre. Je reconnais cependant que vous ne répondez pas avec la même violence ni de façon aussi triviale que celui-ci lorsqu'on vous interpelle dans l'hémicycle à l'occasion des questions au Gouvernement.

Nous serons donc bien évidemment plusieurs à voter contre cette prolongation de l'état d'urgence, et tous ceux qui le feront ne siègent d'ailleurs pas sur les bancs du groupe écologiste. Pourquoi allons-nous voter contre ? Parce que nous n'acceptons pas ce principe fixé par le Premier ministre, selon lequel la sécurité prime les libertés. C'était d'ailleurs le discours d'Alain Peyrefitte, dont la loi « Sécurité et liberté » avait fait descendre toute la gauche dans la rue. Il se trouve que l'on reprend aujourd'hui exactement les mêmes mots et que l'on va jusqu'à recycler, avec la déchéance de nationalité, de vieilles obsessions de l'extrême droite. Le problème, nous le voyons bien, c'est que le juge judiciaire est effacé derrière le juge administratif, derrière le policier.

Quand vous parlez de « mea culpa », je ne suis pas sûr, d'abord, que l'expression convienne. Certains d'entre nous ont été formés dans les écoles chrétiennes, mais nous croyons à la laïcité, et « mea culpa » n'est sans doute pas l'expression la plus appropriée dans la bouche d'un ministre de l'Intérieur. Il faut arrêter de répéter en boucle…

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