Un marxiste convaincu pensera que le salariat, in fine, est une « arnaque » mais présentait tout de même l'avantage de lisser les revenus dans le temps. Les agents économiques savaient combien ils gagneraient un an plus tard. Le problème de ces formes d'économie où les travailleurs indépendants ont tendance à se multiplier, c'est celui de la stabilité des revenus dans le temps. Cela crée d'ailleurs de très graves difficultés, même à un niveau macroéconomique : comment créer de la stabilité si vos agents sont incapables de savoir combien ils gagneront dans un mois ? Des solutions un peu ad hoc se mettent en place aujourd'hui, les coopératives d'activité et d'emploi, des statuts mixtes d'entrepreneur-salarié. On peut imaginer des choses à plus grande échelle, et l'on revient aujourd'hui à cette logique du mutualisme. En tout cas, je pense qu'il y a intérêt, à terme, à passer à l'échelle supérieure, celle du collectif.
Quant au droit du travail, il y a des petits chantiers sur lesquels on peut avancer rapidement. Ainsi, même si les travailleurs indépendants ne sont pas majoritaires, ils représentent une part substantielle de la population, et leur protection sociale est proprement scandaleuse. Franchement, vous ne trouverez pas un seul travailleur indépendant pour défendre le RSI (régime social des indépendants) !