Intervention de Pouria Amirshahi

Séance en hémicycle du 2 mars 2016 à 15h00
Lutte contre le crime organisé le terrorisme et leur financement — Après l'article 17

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPouria Amirshahi :

Il se trouve que cette nouveauté soulevait des interrogations : j’ai donc rencontré des policiers londoniens, madrilènes et bulgares qui l’ont mise en place, au départ avec une grande réticence qui fait d’ailleurs écho à celle manifestée aujourd’hui par les policiers de notre pays.

Figurez-vous qu’au terme de son expérimentation, ils en sont tous satisfaits. Tous ! Ils expliquent, d’une part, que cette mesure a apaisé les tensions entre les jeunes et la police. Or vous connaissez, monsieur le ministre, le degré de tension qui existe actuellement dans notre pays, dans certaines zones, entre la police et une partie de notre jeunesse.

Vous connaissez parfaitement le sentiment de discrimination, et même la discrimination vécue par une partie de la jeunesse française : il ne s’agit pas uniquement d’une question de classe sociale, mais bien d’une question de faciès.

Les policiers étrangers que j’ai rencontrés trouvent, d’autre part, une seconde vertu à cette mesure : elles leur permet de se consacrer à leurs missions essentielles, à savoir les filatures, les investigations ou encore la gestion de la circulation.

C’est pourquoi je n’ai pas compris la décision prise par le ministre de l’intérieur de l’époque – votre prédécesseur, M. Manuel Valls – de lui substituer le fameux matricule.

Je termine sur ce constat : certes, une personne contrôlée qui se considère victime d’une discrimination peut aller porter plainte contre un policier – situation, reconnaissez-le, toujours ubuesque – au commissariat, mais cela crée des tensions supplémentaires.

Dans ces conditions, monsieur le ministre, même si, pour des raisons qui continuent de m’échapper, vous ne vouliez pas de cette disposition qui consiste à fournir à la personne contrôlée un récépissé – système qui a fait la preuve de son efficacité dans d’autres pays –, une circulaire de votre part suffirait. Elle ne comporterait qu’une phrase : « Il est mis fin aux contrôles aléatoires. » À Londres, une telle expérience a également fait la preuve de son efficacité.

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