Intervention de Claude de Ganay

Réunion du 16 février 2016 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude de Ganay :

Monsieur le ministre, merci pour votre présence régulière dans cette commission, qui nous permet d'être mieux informés et de dialoguer.

Je m'inquiète moi aussi des conditions de vie de nos soldats lors de leur déploiement sur le territoire national dans le cadre de l'opération Sentinelle. Il est indigne pour nos forces armées d'accepter que ses soldats résident dans des conditions proches de l'insalubrité.

Je m'interroge également sur la nature même de la mission actuellement confiée à nos forces armées. Je suis conscient de l'impact psychologique induit par la présence de militaires au sein de la population civile : il s'agit de rassurer nos concitoyens face à la lourde menace terroriste qui pèse sur la France. Toutefois, quelles sont la portée opérationnelle d'une telle présence et son utilité réelle dans la prévention des attaques terroristes ? Nos soldats sont employés à mauvais escient lorsque leur mission consiste à assister les forces de police et de gendarmerie. Notre armée, déjà fortement sollicitée par les multiples opérations extérieures menées par notre pays, ne saurait être employée sans limite pour des missions de police administrative. On ne saurait négliger l'impact humain que peuvent avoir ces missions, notamment pour la vie de famille des soldats, déjà contrainte par leur statut de militaire. La préparation opérationnelle de nos soldats en pâtit également : Sentinelle mobilisant très fortement nos armées, nous sommes aujourd'hui en dessous des normes requises par l'OTAN. Enfin, en cas de moindre renouvellement des contrats, notamment dans l'armée de terre, il y a un risque de forte déperdition d'expérience entre l'armée qui a connu l'Afghanistan et Serval, et celle qui aura passé quatre à cinq mois par an en Sentinelle. Plus largement, je m'inquiète des conséquences sur les ressources humaines des armées. Le Gouvernement a-t-il prévu un désengagement progressif de nos forces armées sur le territoire national, en renforçant en contrepartie les moyens de la police et de la gendarmerie afin de recentrer nos soldats sur leur coeur de métier : être projetés pour protéger la France de ses ennemis extérieurs ?

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